Jeudi 10 mai avant l'aube, Israël a mené des dizaines de raids aériens contre des cibles iraniennes postées en Syrie en représailles à une première attaque. Selon les dires des Israéliens, des roquettes ont été tirées contre l'armée israélienne positionnée sur le plateau du Golan. Ces tirs, Israël les attribue à la force Al-Qods, une brigade formée par les gardiens de la Révolution iraniens. L'Etat hébreu a riposté de manière directe et massive sur des cibles iraniennes telles que des entrepôts logistiques, des bases militaires, des dépôts de munitions et des postes d'observation.

Cela faisait des semaines qu'ils s'attendaient à de possibles représailles de l'Iran, après plusieurs opérations militaires "préventives" sur des cibles iraniennes en Syrie, comme en avril dernier. Les tensions sont également montées d'un cran lorsque Donald Trump a annoncé qu'il sortait les Etats-Unis de l'accord conclu en 2015 sur le nucléaire iranien, en soutien à Benjamin Netanyahou qui croit en l'existence d'un programme nucléaire clandestin en Iran. Est-ce le début d'une escalade dangereuse et redoutée depuis des semaines autour du théâtre syrien ?

Pourquoi les affrontements entre Israël et l'Iran ont-ils lieu en Syrie ?

La Syrie et Israël sont officiellement en guerre depuis des décennies.

L'Etat hébreu dirigé par Benjamin Netanyahou occupe le plateau du Golan (sud-ouest de la Syrie) depuis La Guerre des Six Jours en juin 1967. Si cette occupation a été dénoncée par la communauté internationale, le front était plutôt calme jusqu'au moment de la guerre en Syrie en 2011. Si Israël reste en état de guerre avec la Syrie, le gouvernement s'était toujours tenu à l'écart de la guerre chez son voisin.

Cependant, il remarque avec inquiétude le soutien au régime de Bachar el-Assad par ses deux rivaux, l'Iran et le Hezbollah libanais. L'Etat hébreu met un point d'honneur à ne pas permettre à la République islamique d'utiliser la Syrie comme tête de pont contre lui.

Faut-il craindre de nouvelles attaques ?

Jean-Yves Le Drian était l'invité de BFMTV dans la soirée de jeudi.

Dans un contexte de tensions militaires grandissantes entre l'Iran et Israël, le ministre des Affaires étrangères s'est inquiété de cette "situation qui devient très dangereuse" car cette confrontation directe n'est pas arrivée depuis longtemps. Pour le premier ministre israélien, l'Iran a franchi la "ligne rouge". Sur Twitter, Benjamin Netanyahu a déclaré que sa "réaction était en conséquence" des frappes subies. Toutefois, le chef de l'armée israélienne a assuré ne pas chercher l'escalade, tout en se déclarant prêt à tous les scénarios.

Suite aux violents échanges de frappes entre Israël et l'Iran, l'Union Européenne invite les différents acteurs à "éviter toute escalade" et "faire preuve de retenue".

Quand à Emmanuel Macron, il appelle à la "désescalade". Israël reste en état d'alerte et les civils du Golan sont attentifs, et de son côté Hassan Rohani, le président de l'Iran, qui n'a pas fait de commentaire sur cette escalade, à toutefois affirmé à la chancelière allemande Angela Merkel que son pays ne voulait pas de "nouvelles tensions".

Grande alliée de Bachar al-Assad le président syrien, la Russie pourrait jouer un rôle déterminant dans ce conflit israélo-iranien puisqu'elle est présente militairement depuis 2015 en Syrie. Pour le moment, le Kremlin, préoccupé par la situation, espère que les deux parties pourront résoudre leurs désaccords "par voies diplomatiques". Le rôle de la Russie se cantonnera à celui de médiateur au Proche-Orient entre l'Iran et Israël.