Donald Trump était attendu au tournant sur la question de l'Iran. Quitter l'accord sur le nucléaire était vu par beaucoup comme une décision catastrophique. Cela n'a pas empêche le président des États-Unis de prendre cette décision. Donald Trump a annoncé qu'il imposerait « le plus haut niveau de sanctions économiques » à l'Iran, violant un accord nucléaire international et une résolution de l'ONU, rompant de manière décisive avec les alliés américains en Europe et provoquant potentiellement une nouvelle crise dans le Golfe. Rien que ça. Dans une déclaration à la Maison Blanche, Trump a déclaré que cette décision signifiait que les Etats-Unis « quitteraient l'accord de l'Iran » avec d'autres grandes puissances en 2015, et a averti que « toute nation aidant l'Iran dans sa quête d'armes nucléaires pourrait être fortement sanctionnée ».

Il a ensuite signé un décret exécutif imposant des sanctions à toute société étrangère qui continue de faire des affaires avec l'Iran. L'ordre donne aux entreprises des périodes de grâce de 90 jours ou de 180 jours pour s'extraire des contacts iraniens existants ou faire face à des mesures punitives américaines.

Emmanuel Macron « regrette » cette décision

Les dirigeants du Royaume-Uni, de France et d'Allemagne, qui font également parties de l'accord appelé Plan d'action global commun, ont publié une déclaration peu après la déclaration de Trump exprimant leur « regret et leur préoccupation » et soulignant leur « engagement continu » à l'accord. « Nous exhortons les Etats-Unis à veiller à ce que les structures du JCPOA puissent rester intactes et à éviter de prendre des mesures qui entravent leur pleine mise en œuvre par toutes les autres parties à l'accord », indique le communiqué.

Sur Twitter, Emmanuel Macron a prévenu que « le régime de non-prolifération nucléaire est en jeu ». Le président de la République s'était rendu à Washington fin avril, discutant notamment de la question iranienne avec Donald Trump. Emmanuel Macron avait estimé que les discussions avaient avancé dans le bon sens, mais cette décision du président américain démontre le contraire.

Barack Obama, dont l'administration a négocié l'accord, a qualifié la violation de l'accord par Trump de « grave erreur ». « Sans le PAGC, les Etats-Unis pourraient éventuellement se retrouver avec un choix perdant entre un Iran doté de l'arme nucléaire ou une autre guerre au Moyen-Orient », a déclaré l'ancien président américain dans un communiqué.

L'Iran estime que l'accord peut encore être sauvé

Le président iranien, Hassan Rouhani, a déclaré qu'il pensait que l'accord pourrait encore survivre si d'autres partenaires de négociation défiaient Trump. Mais Rouhani a averti qu'il avait demandé à l'agence de l'énergie atomique du pays de se préparer à redémarrer l'enrichissement de l'uranium au niveau industriel dans quelques semaines si l'accord s'effondrait complètement. « C'est une guerre psychologique, nous ne permettrons pas à Trump de gagner. Je suis heureux que l'être embêtant ait quitté l'accord », a déclaré le président iranien. Dans ses remarques à la Maison Blanche, Trump a qualifié l'accord iranien « d'un horrible accord unilatéral qui n'aurait jamais dû être conclu ».

Il a également confié que « cela n'a pas apporté le calme, il n'a pas apporté la paix, et il ne le fera jamais ». Après avoir annoncé l'abrogation de l'accord sur l'Iran, Trump a insisté sur le fait qu'il poursuivrait sa tentative de conclure un accord nucléaire avec le leader nord-coréen, Kim Jong-un, lors d'un sommet qui devrait avoir lieu dans les prochains mois. Mais aujourd'hui, ce n'est plus la Corée du Nord qui inquiète la communauté internationale : c'est bien l'Iran.