Au lendemain de la décision américaine de se retirer de l’accord nucléaire avec l’Iran, le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) vient de publier un rapport dans lequel il met en évidence les efforts du régime iranien dans le domaine balistique, un vecteur essentiel pour l’arme nucléaire.

Le rapport de la coalition de l’opposition iranienne révèle des informations précieuses sur l'organisation, l'infrastructure de production et de développement balistiques, les installations de lancement et les centres de commandement du régime. Ces détails rendent ce rapport unique en son genre et révèlent les objectifs et les intentions du pouvoir théocratique pour élargir son programme de missiles.

Le régime islamiste considère le programme de missiles non pas comme un instrument de dissuasion, mais comme une arme stratégique liée à ses aspirations expansionniste et comme un moyen de chantage contre d'autres acteurs régionaux et internationaux.

Le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI-Pasdaran) a sérieusement lancé ce programme de missiles au milieu de l'année 1980 avec l'acquisition de missiles Scud. Le 25 septembre 2016, l’ancien ministre du CGRI, Mohsen Rafiqdoust, a révélé dans un discours que le groupe terroriste Hezbollah du Liban avait été créé par l'ancien Guide suprême Khomeiny pour "islamiser" d'autres pays de la région, avant d’ajouter : "Aujourd'hui, sous l’Ayatollah Ali Khamenei, le Hezbollah est devenu une force redoutée dans la région".

Ce type de rhétorique et bien d'autres déclarations du même genre révèlent le moteur idéologique qui se trouve derrière le programme balistique de Téhéran.

Ce rapport a été établi sur la base de renseignements obtenus par le principal mouvement d’opposition, l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI), de l'intérieur du CGRI et d'autres institutions militaires du régime iranien qui dirigent la mise au point de missiles.

Les premiers chapitres de ce rapport explorent la structure, l’organisation et la composition des institutions et organes impliqués dans le développement et les liens entre les activités le programme balistique du régime et son programme nucléaire, en particulier leurs relations avec la Corée du Nord.

L'augmentation des capacités de production des missiles est un pilier de la doctrine militaire stratégique de la dictature cléricale, en particulier après la guerre Iran-Irak.

Cette stratégie va de pair avec la course aux armes nucléaires et l'expansion des tactiques militaires non conventionnelles par le biais du CGRI, de la milice Bassij et d'autres milices supplétifs dans le Moyen-Orient. Grâce à son programme de missiles en plein essor, le CGRI entend faire progresser la politique stratégique du régime en matière d'exportation du terrorisme et de l’idéologie intégriste.

La doctrine militaire du régime

À l'heure actuelle, la fabrication de missiles balistiques, avec une portée maximale de 2 000 km se fait avec la seule l'intention de mettre au point un système de vecteurs nucléaires. L'organe principal qui supervise la mise au point des missiles du régime a une relation organique avec l'organisation de développement nucléaire de Téhéran (SPND).

Le CGRI a obtenu de la Corée du Nord la technologie et une riche expérience dans le domaine de la mise au point de missiles. Il entretient actuellement des liens étroits et systématiques avec le programme de missiles de Pyongyang. Le régime théocratique alimente l'instabilité régionale en exportant illégalement des missiles et des technologies de missiles vers d'autres pays comme le Yémen, le Liban, la Syrie et l'Irak, entre autres. Les attaques de missiles de 2017 et 2018 menées depuis le Yémen contre les pays voisins se sont produites sur ordre du CGRI qui a ravitaillé les rebelles Houthi en missiles.

L'expansion des capacités de missiles du CGRI constitue l'un des trois piliers stratégiques de la doctrine militaire du régime après la guerre Iran-Irak des années 1980.

Ces trois piliers sont la mise au point d'armes nucléaires, l'acquisition de missiles balistiques à longue portée et l'élargissement de l'influence du régime par le biais d'une guerre non conventionnelle. Afin de faire progresser cette stratégie militaire, le CGRI a commencé à acheter et se procurer la technologie pour la production de missiles balistiques capables de transporter une tête nucléaire. Dans le passé, le CGRI a utilisé des missiles pour déclencher des conflits régionaux et comme un instrument clé pour s'ingérer dans les affaires d'autres pays de la région. Outre l'exportation d'une variété de missiles vers d'autres acteurs régionaux, le CGRI a créé des usines de missiles en Syrie, au Liban et en Irak afin d'élargir sa sphère d’influence.

La production et la prolifération de missiles balistiques nucléaires par le régime iranien vise à intimider les pays voisins dans le cadre de la quête du régime pour son hégémonie régionale. Les missiles de croisière classiques, tels que le Soumar et le Qader, pourraient être utilisés pour faire face à des navires qui traversent le Golfe d'Oman et le Golfe Persique et menacent la navigation internationale. Des roquettes, comme le Naze'at et le Fajr, sont fournies à des groupes mandataires comme le Hamas, le Hezbollah et les Houthis yéménites, qui sont tous engagés dans des conflits prolongés dans leurs pays respectifs.