Pour "des raisons de sécurité nationale", Donald Trump a décidé d'imposer des taxes sur les importations d'acier et d'aluminium à l'Union Européenne à quelques heures de l'expiration de l'exemption des droits de douane. En effet, contre l'avis des républicains du Congrès, contre les recommandations de son chef économique et malgré les avertissements des alliés des Etats-Unis, le président américain a signé ses nouvelles taxes (25% pour les importations d'acier et 10% pour l'aluminium) en mars dernier. Les économistes du pays craignaient à ce moment-là une guerre commerciale avec leurs partenaires, et ils ont été visionnaires.
"Sans acier, nous n'avons pas de pays"
Pour se justifier des fortes impositions de droits de douane sur l'acier et l'aluminium dès la semaine prochaine, Donald Trump qui a annulé sa rencontre avec Kim Jong-Un a assuré qu'il ne faisait que "tenir sa promesse de campagne électorale". Pour le chef d'Etat américain, "des années de dumping ont détruit les producteurs, et sans acier, nous n'avons plus de pays". Trump estime que si la situation actuelle se prolonge, son pays pourrait ne "plus produire assez d'acier afin de répondre aux besoins de la défense nationale en cas d'urgence". Le chef d'Etat a mis en application ces nouvelles mesures, puisqu'à partir du 1er juin, le Mexique, l'Union Européenne et le Canada seront soumis au même régime que les autres pays.
La riposte de l'Union Européenne
Pour Emmanuel Macron qui a reçu Marl Zuckerberg à l'Elysée cette décision d'imposer des taxes est "illégale". Pour le président de la République française, Donald Trump commet "une erreur" et l'Union Européenne se tient prête à "riposter de manière proportionnée et ferme pour défendre ses intérêts".
D'ailleurs, l'UE a déjà préparé une liste de nombreux produits américains qui pourraient être taxés à leur tour comme les motos Harley Davidson, les cigarettes, le bourbon, les jeans et le jus d'orange.
De son côté, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission Européenne ne peut pas rester sans réagir et a prononcé à Bruxelles une phrase qui en dit long sur sa détermination : "Ce que les Etats-Unis peuvent faire, nous sommes capables de faire exactement la même chose".
Donald Trump n'a pas laissé d'autres choix à l'UE que de rapporter ce conflit devant l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
Jean-Claude Juncker a d'ailleurs lui aussi imposé des droits de douane supplémentaires à bon nombre de produits provenant des Etats-Unis. Depuis Lisbonne, Angela Merkel dénonce les pratiques de Donald Trump. Pour la chancelière allemande, "les guerres commerciales ne connaissent généralement aucun vainqueur" et garantit que cette surenchère finira par "nuire à tout le monde". La guerre commerciale est bel et bien déclarée entre L'Union Européenne et les Etats-Unis !
Le Canada en colère
Premier fournisseur d'aluminium et d'acier des Etats-Unis, le pays voisin est surpris par cette décision. Ce jeudi, François-Philippe Champagne, le ministre canadien du Commerce international, a déclaré que "tout quota qui sera imposé à notre industrie sera inacceptable".
Toutefois, pour le Canada, cette démarche risquerait de mettre à mal les industriels américains qui affichent "un surplus de 2 milliards de dollars dans le commerce de l'acier" avec le Canada. Le syndicat des sidérurgistes nord-américains réclame que les producteurs d'acier et d'aluminium canadiens soient exemptés de ces mesures annoncées par Donald Trump. En attendant, Ottawa est l'un des premiers pays partenaires à riposter concrètement en annonçant des taxes sur les produits américains allant jusqu'à 16,6 milliards de dollars canadiens.
Les droits américains sur l’aluminium et l’acier canadiens sont inacceptables. Comme nous l’avons dit, nous allons toujours défendre nos travailleurs. Aujourd’hui, nous annonçons que nous prendrons des mesures de rétorsion en réponse à cette attaque contre notre industrie.
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) 31 mai 2018