Après une mise au point qui a duré toute la nuit de ce vendredi 29 juin, les 28 dirigeants de l'Union Européenne ont fini par trouver un accord sur le principe de gestion migratoire aux portes de l'Europe.

Le coup de force de l'Italie

Ce somment européen avait commencé dans l'après-midi sur des sujets d'usage tels que le commerce ou la défense. Mais l'Italie a décidé de faire monter la pression sur ses partenaires en bloquant l'adoption de premières conclusions ce jeudi soir à Bruxelles. En effet, première terre d'accueil européenne atteinte par les migrants venus d'Afrique ou d'Asie, le gouvernement italien sature.

Après l'Aquarius, le pays a refusé d'ouvrir ses portes aux navires de l'ONG allemande Lifeline qui comptait 239 migrants à bord. Depuis la mise en place du nouveau gouvernement en Italie, les vagues de migrants venus des côtes souhaitent être réduites. Agacé par l'absence de texte concernant les questions des migrants en Europe et de la protection des frontières, Rome, au centre du problème, avait déjà l'idée de lancer un ultimatum afin de faire pression sur ses 27 voisins européens lors de ce sommet du 28 et 29 juin : hors de question d'aborder les autres sujets avant de régler le problème de l'accueil des migrants. "L'Italie a besoin d'actes" a déclaré Giuseppe Conte, le premier ministre italien en début de Conseil.

Des centres "contrôlés"

A 4h34 du matin, le président du Conseil européen Donald Tusk a annoncé la bonne nouvelles sur Twitter : "Les dirigeants de l’UE28 ont trouvé un accord sur les conclusions du sommet, y compris sur la migration".

En effet, les 28 dirigeants de l'UE ont accouché d'un texte commun et se sont mis d'accord sur la proposition suivante : "Mettre en place des centres contrôlés sur le territoire européen afin de mieux organiser l'accueil des migrants" comme l'a annoncé le chef d'Etat français.

Après 9 heures de tractations houleuses sur la gestion de l'accueil des migrants en Europe, Emmanuel Macron a déclaré : "C'est le fruit d'un travail commun."

"L'Italie n'est plus seule"

Giuseppe Conte, qui avait décidé de faire pression sur ses partenaires en bloquant l'adoption des premières conclusions portées sur le commerce et la défense afin de trouver des solutions sur les migrations, se réjoui aujourd'hui de cette décision.

"L'Italie n'est plus seule" a-t-il conclu après ce somment Européen qui scelle le destin de l'UE. Après deux semaines de débats mouvementés sur la question des navires transportant des migrants, dont plusieurs accostages ont été refusé par l'Italie, Rome a salué la "contribution importante" du président français contrairement aux autres pays qui se sont opposés farouchement à ces propositions de "centres de contrôle."

Afin de réduire le nombre de navires de migrants débarquant sur les côtes européennes, Donald Tusk a proposé aux dirigeants européens de mettre en place des "plateformes de débarquement hors de l'UE" pour accueillir les migrants secourus en mer. Un système qui pourrait "mettre fin au modèle économique des passeurs" et éviterait les pays d'Europe de se renvoyer la patate chaude pour la prise en charge des bateaux.

Une proposition déjà refusée par Nasser Bourita, le chef de la diplomatie marocaine, qui a annoncé que son pays était réfractaire à de tels centres d'accueil hors de l'Union Européenne.

Initialement, le sommet européen du 28 ou 29 juin devait permettre de discuter de la réforme du régime d'asile européen. Mais ce programme a été abandonné en vue des divergences trop importantes. Conformément à la réforme de Dublin, c'est au premier pays d'entrée au sein de l'Union Européenne d'examiner les demandes d'asile.