Décidément, le président Laurent Gbagbo apparaît insubmersible. Il vient en effet d’être acquitté de l’accusation de crimes contre l’humanité par la cour pénale internationale (CPI). Cette décision, a été complétée par la demande de mise en liberté immédiate de celui, qui fut durant 10 ans contre vents et marées, le président de la Côte d’Ivoire.
C’est donc la fin d’un procès, qui a débuté à La Haye en 2016. Les chefs d’accusation comportaient des meurtres, viols et persécutions sur une période d’un an, allant de 2010 à 2011. Laurent Gbagbo, 73 ans n’a jamais accepté de devoir laisser sa place à Alassane Ouattara, l'actuel président ivoirien, pourtant élu par un vote jugé démocratique et approuvé par l’ensemble des autres nations.
Il avait alors engagé ses partisans dans une résistance, qui a entraîné de nombreuses et terribles exactions. Il est finalement arrêté par les forces rebelles d'Alassane Ouattara, avec l'appui de la France le 11 avril 2011.
Un procès mal engagé
Pourtant, on sentait bien qu’au fur et à mesure du procès, on se dirigeait vers cette décision, qui évidemment ne fait pas le bonheur des dirigeants actuels de la Côte d’Ivoire. En effet, il est incarcéré le 30 novembre 2011, mais il faudra attendre le 28 janvier 2016, pour que son procès débute. Le procès se fera conjointement avec celui de son bras droit Charles Blé Goudé, qui dirigeait une redoutable milice, appelée Les Jeunes Patriotes, aux ordres de Gbagbo, et qui va laisser de terribles souvenirs à la population du pays.
Durant tout ce temps, l’accusation n’est pas vraiment arrivée convenablement à ces fins, pour établir un dossier particulièrement solide contre l’ex-président, même si finalement en 2014, le dossier contre Gbagbo est jugé recevable. Cependant, il comportait déjà une grosse faille. Il est constitué, la plupart du temps par des témoignages flous, parfois indirects et hélas, souvent anonymes.
Il n’y avait pas suffisamment de preuves tangibles.
Un résultat prévisible
Ce qui devait arriver, arriva, les avocats de l’ex-président, se sont penchés depuis un an sur le fait, que de nombreux témoignages étaient largement sujets à caution, contradictoires, et même pour certains faux. En effet, la partie civile a même dû reconnaître, que dans la masse de preuves accumulées, certaines vidéos notamment, n’ont pas été suffisamment étudiées et vérifiées, du coup, elles se sont avérées fausses.
De leur côté, les avocats de la défense, ont maintenu, que les forces de sécurité sous Gbagbo avaient juste pris part à des combats et s’étaient simplement défendus contre les attaques des rebelles. Pour eux, il ne fait aucun doute, on ne pouvait pas imputer les 3 000 morts uniquement à l’attitude de leurs clients.
Cette nouvelle remise en liberté, est à mettre dans la même lignée que l'abandon des poursuites par le procureur de la CPI contre le président kényan Uhuru Kenyatta, ou dans la même veine, que dire du très étonnant acquittement en juin, de l'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba.
Bien sûr, la nouvelle a été chaleureusement saluée par les partisans de Laurent Gbagbo, et on a même assisté à des scènes de liesse en Côte d'Ivoire.
Cette décision, pourrait changer bien des choses si Laurent Gbagbo, décide de rejoindre durablement son pays. Il a gardé de nombreux partisans et de solides appuis, et il ne faut pas oublier que les prochaines élections présidentielles sont dans moins de deux ans.
En attendant, les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI), ne veulent apparemment pas en rester là, et ils ont annoncé faire appel de la décision d’acquittement.