L'événement est passé quasiment inaperçu de la sphère médiatique, mais il pourrait pourtant se révéler historique pour le Parti Socialiste. Au soir du 5 novembre dernier, le bureau national de la formation traditionnelle de la gauche a en effet décidé d'intégrer dans son corpus idéologique la nécessité de défendre le principe de laïcité qui tient la République française. Une manière pour les cadres du parti de renouer avec les sources du socialisme dont une bonne partie de ses membres s'est sentie malmenée depuis le début des années 1990.

En finir avec l'ambiguïté

Il faut dire que pour le premier secrétaire, Olivier Faure, l'opération visait avant tout à mettre fin aux hésitations autour du communautarisme qui ont marqué le parti durant trente ans. Il estime donc que, dans sa forme, la décision rendue par l'instance dirigeante du parti de gauche devrait correspondre, pour les militants, au verdict de la Cour de cassation. Elle sera ainsi vouée à faire acte de jurisprudence pour toute situation qui se présenterait sur la question de la laïcité, telle une boussole pour les socialistes à présent et pour l'avenir.

A noter que c'est sans nul doute un pas de géant depuis "l'affaire du foulard islamique" à Creil (Oise), qui, en 1989, avait semé le flou au sein du PS.

Pour mémoire, il s'agissait de la polémique autour de trois collégiennes qui avaient été exclues de leur établissement pour avoir refusé de retirer leur voile en classe. Le parti montrera des signes d'hésitation sur ce dossier, avec notamment certains élus de banlieues qui mettront en avant le souci de respect envers les "traditions" pour une meilleure intégration de certaines populations.

Une grande manifestation déjà dans les tuyaux

Ensuite viendra la fameuse propagande autour de la diversité, composante qui aura longtemps été électoralement favorable à la gauche. Une ligne encore présente à la présidentielle de 2017, non sans susciter du regret chez Monsieur Faure, qui a refusé de s'associer à la très controversée marche contre l'islamophobie du 10 novembre.

D'ailleurs, celui-ci a récemment insisté sur le fait que si la lutte contre le racisme est l'un des nombreux combats du PS, il était hors de question de remettre en cause les fondamentaux de la République.

Le député de Seine-et-Marne n'a en effet que peu goûté aux références d'une marche qui qualifiait de liberticides les lois sur la laïcité de la République. Alors pour baliser le nouveau chemin par les socialistes, il est déjà prévu en décembre une grande manifestation pour la défense de la laïcité, événement que le parti espère muer en démarche collective avec l'appui d'autres organisations. A cela devrait s'ajouter d'ici janvier un grand discours sur la laïcité d'Olivier Faure, qui se désole qu'Emmanuel Macron tarde à poser une vision claire sur le sujet.