Jusqu'où ira le feuilleton Jean-Luc Mélenchon ? Le leader de la France insoumise est depuis jeudi aux prises avec la justice pour les incidents survenus lors de la perquisition du siège de son parti, en octobre 2018. Comme cinq de ses proches jugés à Bobigny, le député fait face à des accusations de "rébellion" et "acte d'intimidation" envers des personnes dépositaires de l'autorité publique. Le parquet a requis trois mois de prison avec sursis et 8000 euros d'amende ce vendredi, alors que du côté de ses partisans, on continue de crier au "procès politique".

Bien malin serait la personne qui se vanterait aujourd'hui d'avoir imaginé pareil scénario pour l'élu des Bouches-du-Rhône au soir du premier tour de la présidentielle de 2017. Candidat malheureux de l'élection, le tribun avait tout de même réussi à faire un score de 19,8%, laissant entrevoir un futur des plus radieux dans la perspective d'une reconstruction de la gauche autour de lui. Deux ans et demi plus tard, force est de constater que les choses ne semblent pas vraiment s'être passées comme prévu pour celui qui se voyait clairement siéger à l'Elysée.

L'échec de la présidentielle, le début de la fin

Et il faut dire que c'est cette sensation d'avoir manqué de peu l'objectif visé qui semble avoir profondément déboussolé le leader de la France insoumise.

En témoigne le face-à-face qu'il a tout de suite tenté d'imposer entre sa personne et Emmanuel Macron, faisant fi de la nécessité de rassembler un électorat de gauche marqué par les divisions. C'est cette ligne dure qui lui permettra un temps de se poser en principal adversaire du chef de l'État, avant de se transformer en véritable boulet pour la construction d'une ligne politique réellement crédible.

À force de crier au loup en permanence, tout en se montrant de plus en plus clivant, Jean-Luc Mélenchon finira d'ailleurs par créer les conditions d'une expression insoumise totalement inaudible. Les appels à la mobilisation laissés lettre morte au sein l'opinion n'en seront que le reflet, donnant lieu à une montée de la radicalité dans le ton qui desserviront grandement son mouvement.

En dénote son incapacité flagrante à capter politiquement la vive colère exprimée spontanément dans la rue par les Gilets jaunes depuis le fameux mois de novembre 2018.

La victimisation en planche de salut

Après l'image d'un homme calme et plein d'humour qui l'avait porté durant les débats de l'élection présidentielle, le nom de Jean-Luc Mélenchon est aujourd'hui repoussoir. Il semble loin le temps où il faisait prévaloir ses idées par des échanges enthousiasmants, au contraire du discours alarmiste qu'il tente de porter sur la situation démocratique en France. Un changement de pied qui a automatiquement conduit à un changement de perception de l'opinion, dont un sondage Odoxa note qu'elle juge assez sévèrement l'ancien ministre.

Il faut dire qu'avec la tempête médiatique suscitée par l'affaire, les responsables insoumis ont fait le choix de la victimisation autour de leur chef de file. Une stratégie qui vise à poser leurs déboires sur le terrain de la machination politique, hypothèse que réfutent pourtant 62% des personnes interrogées dans le cadre de l'enquête commandée par Le Figaro. Alors, autant dire que pour le leader politique de gauche, les ennuis judiciaires et la mise en cause de l'exécutif serviront difficilement de tremplin pour rebondir après une année difficile sur la scène publique.