"Tous les autres faits qui sont dans le Canard sont absolument faux", a proclamé Thierry Solère, porte-parole de François Fillon, en évitant soigneusement d'y faire la moindre allusion. Tout comme d'ailleurs iTélé, qui a passé en boucle son intervention limitant des démêlés fiscaux à ce qu'avait indiqué Mediapart en septembre dernier. Il n'a pas évoqué Lerins Communication, ni la société Chimirec, bref, aucun des "autres faits". "Je n'ai aucune phobie administrative", a-t-il précisé en reprenant les termes du secrétaire d'État Thomas Thévenoud, contraint de démissionner à la suite tant de ses retards d'épuration de sa situation fiscale que du retentissement de l'affaire Cahuzac.
Mais si tout va bien dans le meilleur des mondes pour Thierry Solère, pourquoi donc annuler, comme François Fillon, des déplacements ou des réunions publiques ?
Saint-Apollinaire privée de Solère
Le Bien Public rapporte que Thierry Solère "ne tiendra pas la réunion publique prévue ce jeudi à l'espace Tabourot-des-Accords (de désistement ?) de Saint-Apollinaire". Cela à la suite d'un "empêchement" du député des Hauts-de-Seine. Pourquoi donc ? Bouderie du député-maire Rémi Delatte (LR) ? Mieux à faire que de s'envoyer des bourgognes en banlieue de Dijon ? Raison de santé ? Quinte de toux après un coup de fil de "ces Messieurs" (désormais "et dames") du Canard enchaîné ? Car il faut savoir que, sauf s'il s'agit d'un truand endurci en cavale, avant de publier quoi que ce soit sur quiconque, les journalistes, en particulier ceux du volatile, du palmipède, contactent l'intéressé, ou au moins un proche, un avocat, quelqu'un pouvant parler en son nom.
La fameuse formule "sollicité(e), Untel, Unetelle, n'a pas souhaité…", ou l'une de ses variantes, très récurrente dès qu'il s'agit de mettre en cause une société, un individu, &c., n'est pas que de pure forme. Il ne s'agit, parfois, pas toujours, que de prévoir les conséquences, de faire en sorte, qu'en cas de poursuite en diffamation ou pour diffusion de fausse nouvelle, il puisse être argué de la bonne foi des journalistes d'investigation et du directeur de publication.
Je ne sais si ce fut le cas, il ne s'agit que d'une présomption d'application d'un principe de précaution, et jamais, jamais (d'accord, cela peut s'apparenter à du déni), je ne soutiendrai devant des juges que l'annulation de la réunion publique de Saint-Apollinaire découle d'une relation de cause à effet. Parce que, tout simplement, je n'en sais fichtre rien.
Il semble juste opportun, idoine, de relever qu'alors que François Fillon, de notoriété publique, jongle avec son agenda de déplacements, Thierry Solère, lui aussi, annule au moins un déplacement de campagne. C'est dommage pour l'espace Tabourot et son architecte… "La meute des journalistes qui posent des questions est aux basques de François Fillon", déclarait Thierry Solère. Qu'il se rassure, il n'est pas si important pour qu'elle s'accroche à son fondement. Ce sera plutôt, comme le chantait Jacques Brel, "au suivant". Reste à savoir comment l'opinion, qui se mobilisera dimanche à Paris, place de la République, percevra et réceptionnera cet à-côté du Penelopegate. Le mieux serait, pour Thierry Solère, de venir expliquer ce pourquoi il poursuit Le Canard enchaîné pour diffamation. Chiche ? L'audience sera bien supérieure à celle qui était attendue à Saint-Apollinaire, et c'est une occasion à ne pas manquer.