La dite gauche, dite de gouvernement, continue à jouer au jeu dangereux du mépris de la ligne réclamée par le peuple de gauche. En effet, s'il était clair depuis la fin de la primaire que Manuel Valls ne soutiendrait pas Benoît Hamon - alors que dans l'ultime débat, ce premier affirmait encore sa loyauté aux règles établies -, la conduite des ministres, qui se devait d'être exemplaire, était largement attendue. Malheureusement, fidèles à la doctrine de la trahison vis-à-vis du peuple qui fut la leur dès les premiers mois du gouvernement, ils ont décidé de rejoindre le concurrent du Parti socialiste, en tête dans les sondages, car il leur donne plus de chances de se retrouver au gouvernement après la présidentielle.

Le Drian, trafiquant d'armes anti-écologie

L'homme qui cumule les fonctions de ministre de la Défense et de président du Conseil régional de Bretagne a annoncé avant-hier son ralliement à Emmanuel Macron. C'était le choix de la cohérence, mais pas celui des urnes. En effet, alors que ce dernier se réclame pur homme de gauche, il fait du cumul des mandats son passe-temps favori et s'est toujours opposé à des alliances avec les écologistes, même pendant les élections régionales. Ainsi, il n'a pas apprécié de voir que Benoît Hamon recevait le soutien de Yannick Jadot. Comme quoi, dans l'esprit de cet homme, l'écologie et le socialisme ne vont pas de paire... alors que l'emblème du parti dont il est membre se réclame de la sociale-écologie.

C'est la dernière agonie d'une vieille gauche qui a toujours refusé d'être de gauche, afin de mieux avoir ses chances d'être désignée dans un gouvernement, et le dernier reniement qui conclut parfaitement ce quinquennat.

Rappelons quand même que ce monsieur a livré des avions de chasse à l'Egypte, mené par un gouvernement fort peu légitime constitué de militaires, ainsi qu'à l'Inde, gouvernée par des nationalistes qui ont fait de la suppression des musulmans leur priorité.

Mais la considération éthique ne rentre pas en compte dans le commerce, pour Jean-Yves Le Drian comme pour Lafarge, finalement. Et les excuses pour ne pas soutenir Benoît Hamon sont les mêmes que celles de Valls : ce serait incohérent. Oui. Mais il aurait été incohérent que Benoît Hamon soutienne Manuel Valls également, si celui-ci avait gagné la primaire, et pourtant Manuel Valls en aurait été très heureux.

Bref, cet homme fait partie des personnalités politiques, des oligarques, pour lesquelles la voix du peuple, on ne l'entend que quand cela nous arrange. On se réclame démocrates, mais la démocratie, on ne lui obéit que quand son choix souverain nous arrange. De quoi dégoûter un peu plus les Français des politiciens, de droite comme de gauche compris, qui montrent finalement que leur intérêt pour le choix du peuple doit aller dans leur sens, sinon ce dernier ne doit pas être écouté.