Emmanuel Macron a été élu Président de la République de façon confortable pour ses partisans, et par défaut pour ses contempteurs. La réalité, c’est l’évidence : Emmanuel Macron est Président de la République, il a chamboulé le paysage politique français, il a imposé un style de gouvernance politique. Après son élection, c’est un « sans faute » au plan international qu’il réalise. Il ringardise Chirac, Sarkozy et Hollande sur la façon d’exercer la fonction présidentielle.

Par son instruction (Henri IV, Sciences Po, ENA), son intelligence du terrain (banquier et homme politique), il oblige certains de ses concurrents, comme Manuel Valls, à lui baiser la babouche.

Emmanuel Macron tient le choc, refuse le baiser de Valls car il le sait mortel et le tient éloigné de son groupe parlementaire, même si le mouvement En Marche ! ne présente pas de candidat face à lui. Valls doit montrer qu’il est capable, malgré ses difficultés, de rebondir. Le mouvement d'Emmanuel Macron est en fait une marque qu'il utilise de façon intelligente pour chambouler la politique traditionnelle et pour imposer à ses consommateurs la politique macronienne.

Pendant la campagne présidentielle, le champ politique traditionnel s’est largement moqué des marcheurs internet d'Emmanuel Macron en estimant qu’ils étaient virtuels et réduits à l’état de feux follets. La victoire d'Emmanuel Macron à l’élection présidentielle a modifié l’organisation intellectuelle et le fonctionnement des partis politiques classiques.

Aux Républicains, Baroin n’est pas à la hauteur. On est passé du ni-ni à la Sarkozy au principe d’un désistement en faveur du candidat de La République en marche si celui-ci est opposé au Front National. C'est un véritable barouf intellectuel. Certains militants LR rendent leur carte, refusent de payer leur cotisation. Des anciens députés, comme Frédéric Lebfevre, ont démissionné en dénonçant la quarterisation du mouvement LR au sommet.

Les Républicains sont dépassés par la peau de banane que Macron a glissée sous leurs pieds, ils passent leur temps à tomber et à se relever sans densifier leurs analyses face à l'exigence intellectuelle et politique que Macron leur oppose.

La marque Macron bouscule les élections législatives

Le PS a disparu des radars. Hamon comme Valls veulent se faire réélire.

Nous sommes dans une situation iconoclaste de chamboulement politique qui va forcément avoir des conséquences sur les élections législatives. LR ne sait plus à quel saint idéologique se vouer. En prenant Edouard Philippe comme Premier ministre et Darmanin comme ministre des Comptes publics, la marque Macron a enfoncé un coin des LR et réduit leurs analyses à rien. LR a perdu son logiciel idéologique sous l’effet Macron. Wauquiez veut reprendre la direction du parti en s’appuyant sur Sens commun. On suppose que la droitisation à l’extrême des LR est en route, ce qui ne présage pas des lendemains heureux pour les élections municipales en 2020. Les juppéistes ne se laisseront pas faire et on risque d'assister à un éclatement des républicains, que Sarkozy a essayé de rassembler.

La marque Macron a atomisé le PS et certains candidats PS prient le ciel et le beau temps pour que les électeurs pensent à eux. Dans les faits, la marque Macron chamboule tout, écrase tout et inscrit dans les faits la macronmania. Pauvre PS, pauvre LR !

Stop à la Macronmania, nécessité d’une Assemblée équilibrée

Je reconnais l’intelligence et la vitesse d’analyse du Président de la République. Néanmoins, pour des raisons critiques et d’analyse contradictoire, il faut que les Français donnent au Président une majorité qui ne doit pas être absolue, sinon nous risquons d’être en présence d’une majorité godillot. Les Français, pour des raisons de cohérence politique, vont élire une Assemblée conforme aux souhaits d’Emmanuel Macron, mais il faut souhaiter que cette Assemblée présente des députés avec des arguments contradictoires et dont les origines politiques seront diverses.

Donner une majorité absolue au Président Macron, c’est lui signer un chèque en blanc. Or la France n’est pas monocolore politiquement et idéologiquement.

Il faut donc au Président Macron une majorité relative et non absolue, ce qui permet de laisser des espaces de contradiction et de discussion aux députés venant des malheureux partis politiques qui ont l’impression d’avoir tout perdu, comme le PS et les LR.