Le premier thème des ateliers de la refondation portait sur « les raisons de notre échec et les défis que la droite doit relever pour retrouver la confiance des Français ». On a été largement déçu. Malgré la présence de Jean-Daniel Lévy, Directeur du département politique et opinion de Harris et Madani Cheurfa, secrétaire général du CEVIPOF, l’atelier n’a pas atteint ses résultats. On voit bien que la route de la refondation idéologique des LR canal historique est encore longue, voire trop longue. L’électorat LR a eu beaucoup de mal à entendre les raisons de la victoire de Macron présentées par Jean-Daniel Lévy et Madani Cheurfa.

Les deux professionnels des médias et des études quantitatives se sont appuyés sur les sondages et enquêtes de leurs instituts pour expliquer les raisons de la défaite des LR. Il semble que les militants de droite n’acceptent ni la défaite de Fillon, ni la victoire de Macron et, sans le dire de façon explicite, ils estiment que la victoire leur a été volée. Les explications des deux experts ont été souvent contestées par l'assemblée dans la salle du premier étage, dans l'autre salle, au rez de chaussée, il y avait un écran télévisé. Les militants LR ont beaucoup de mal à accepter la stratégie de Macron et à se remettre en cause. C'est grave car ils peuvent être condamner à rester très longtemps dans l'opposition.

Certains des militants demandent que les députés, dits constructifs, quittent le parti, ce qui aura pour effet l'accroître la cassure et au moins de clarifier les choses car il y a un non-dit au sein des LR. Ce non-dit porte sur la véritable nature idéologique des LR. Sont-ils de droite tendance Wauquiez ? Juppé ? Thierry Solère ?

etc.

Un débat sans bilan sur les raisons de l’échec de Fillon

Le premier atelier s’est tenu dans une atmosphère bon enfant. Aucun bilan de l’échec de Fillon n’a été évoqué. On s’est contenté de déclarations très générales sur la victoire de Macron qui a su épouser les attentes de la société française. La question concernant les défis que la droite doit relever, a été oubliée voire engluée dans la réponse faite par Jean-Daniel Lévy, à savoir : il faut à la droite un chef incontesté et la valorisation de ces valeurs traditionnelles comme l’autorité, la liberté, la responsabilité et le travail.

Ce sont des thèmes importants pour la droite mais qui semblent être décontextualisés et qui ne permettent pas de donner de la profondeur à la campagne de refondation menée par LR.

Quelques préconisations pour une meilleur réussite des ateliers futurs

Dans le cadre de la refondation, LR organise de juillet à septembre 2017 des ateliers de réflexion auxquels est associé un large panel d’experts : économistes, élus, cadres, militants, politologues, historiens et sociologues. Compte-tenu de la faiblesse du premier atelier, on peut proposer la démarche suivante :

  1. Une dizaine de minutes d’exposé sur le thème de l’atelier par les responsables LR (Direction des études) en restant sur le thème de l’atelier et sans en dévier.
  2. Demander à deux experts, un sociologue et un politologue, d’approfondir la réflexion.
  3. Donner la parole à la salle.
  4. Reprendre la parole en répondant de façon organisée et non débonnaire, comme on l’a vu ce soir.
  5. Avant le deuxième atelier, demander aux participants d’envoyer leur diagnostic de la question et les préconisations de solution.

Le chemin est long, il faut s’armer de patience si les LR veulent redevenir un parti normal et re-fréquentable.

A la fin de chaque atelier, les participants doivent envoyer leurs contributions à LR, comme cela est déjà prévu, pour nourrir la réflexion du Congrès qui doit se tenir à l'automne, mais actuellement on peut noter aussi que cette préconisation peut être motivée uniquement pour calmer les militants, alors que les textes finaux seraient déjà prêts. Si c'était le cas, il faut penser que LR va se préparer à une longue traversée du désert après l'onde de choc brutale venant de Macron et du parti LREM qui ne compte pas s'arrêter là car le mouvement en marche va se structurer en parti politique et présenter des candidats aux élections européennes et municipales futures.

Le 11 ou le 12 juillet, LR tient son bureau politique pour savoir quel sort va être réservé aux constructifs qui soutiennent Edouard Philippe et Emmanuel Macron.

On attend du bureau politique que la décision soit claire et motivée : exclusion ou maintien des constructifs au sein du mouvement. Le faire, c'est le début d'une refondation non cynique et plus objective vis à vis des militants souvent habitués aux mensonges de leurs hommes politiques à la direction de LR.