Après une phase d’embellie liée à la divine surprise de l’élection d’un jeune Président de 39 ans, la France en demande plus. Le pays exige que son jeune Président explique sa politique économique qui reste, pour l’instant, floue, même si, à court terme, des décisions contradictoirement perçues par les Français, ont été prises, comme la baisse de 5 euros de l’APL, des économies demandées aux collectivités locales, la suppression en cours de la réserve parlementaire, le départ du chef d’Etat-Major Pierre De Villiers et les économies demandées à toutes les administrations.
La somme de toutes ces décisions économiques et sociales constitue un patchwork qui ne permet pas de décrire la ligne majeure de la Politique économique et sociale du gouvernement. Résultat: les Français sont mécontents et le Président Macron dévisse dans les sondages. Selon le Journal du dimanche (article du 4 août 2017), Macron baisse dans l'opinion publique : « Les sondages se suivent et tous le confirment : la popularité d'Emmanuel Macron est en nette baisse cet été. La tendance est même plus accentuée que lors du quinquennat Hollande. »
La politique économique et sociale de Macron demeure inexpliquée pour les Français
La politique économique de Macron est articulée autour de deux axes principaux.
Le premier axe est dominé par la réforme du marché du travail via la modification du code du travail, la flexibilisation du marché du travail, l'accélération des droits réciproques employeurs/salariés (mais plus en faveur des patrons), l'introduction des contrats de travail à durée limitée et spécifiques (contrats d’usage et de chantier), le plafonnement des indemnités prudhommales, l'intégration des instances de représentation des personnels, la valorisation des accords d’entreprise par rapport aux branches, les licenciements plus facilement autorisés et l'introduction des référendums d’entreprise. Voilà pour le volet social. Le volet économique, donc le deuxième axe, est marqué par une baisse de l’ISF et une réforme de l’impôt portant sur les revenus du capital. L’objectif est de permettre aux détenteurs de capitaux français et étrangers d’investir plus facilement en France et de profiter de la réforme du marché du travail pour mieux embaucher.
On a là les deux volets de la politique économique et sociale de Macron. Le volet économique permet de remplir le volet social. Le Président Macron fait un pari comme tout capitaliste qui se respecte : la baisse de la fiscalité sur le capital va entraîner des investissements majeurs qui vont entraîner des emplois. La réalité économique est autre et il n’est pas sûr que le Président macron le dise aux Français. Malgré les réformes, un chef d’entreprise n’investit que si son carnet de commandes est plein. Dans le cas contraire, il préfère attendre et augmenter le temps de travail en donnant les heures supplémentaires aux salariés qui sont à l’intérieur de l’entreprise. Cette attitude accentue la segmentation du marché du travail en valorisant ceux qui sont à l'intérieur de l'entreprise et en laissant à l'extérieur ceux qui souhaitent la rejoindre et qui demeurent au chômage.
Voilà la réalité des affaires. Il faut espérer que la reprise actuelle de l’activité en France donne raison au pari de Macron, sinon ce dernier risque d’être dans la situation de Hollande qui avait fait de la lutte contre le chômage son pari d’excellence. Nous savons ce qu'il en est advenu...
Président Macron, montez au front : que Jupiter se mette au niveau des terriens
La France est ainsi, elle casse aujourd'hui ce qu’elle a adoré hier. Macron a fait naître de l’espoir en créant un "nouveau monde politique". Il a ,en partie, réussi, car les partis traditionnels, sans disparaître, ont été écrémé jusqu’à l’os. Cette victoire n’est pas définitive. Il faut expliquer aux Français le sens de la politique économique qui les gouvernera pendant 5 ans.
Le Président ne souhaite pas être un commentateur de la vie politique, mais il a une obligation morale et politique de tenir des conférences de presse à la rentrée pour donner du sens à sa politique économique et sociale, et aussi pour dire aux Français ce qu’il compte faire. Ces rencontres avec les journalistes ne doivent pas forcément être régulières, elles peuvent être mensuelles ou trimestrielles.
Le Président ne peut se couper des Français comme il le fait vis-à-vis des journalistes qui lui tiennent rigueur et qui veulent le lui faire payer. Le Président Macron ne doit pas se couper des Français, même s'il est présent sur le terrain, chez les jeunes dans les Yvelines par exemple. Il doit muscler socialement sa politique économique en s'adressant aux plus démunis et en profitant du débat futur sur la fiscalité pour le faire.