Macron est atypique dans le paysage politique français. Jeune homme de quarante ans et en forme intellectuelle, il est en train de dépecer et de concevoir à sa main le nouveau paysage politique hérédité du Général De Gaulle qui valorisait le bipartisme droite/gauche avec des alliances. Par sa façon de faire, Macron rejette aux marges l’extrême droite de Marine Le Pen qui a été pilonnée au cours du débat du deuxième tour de l’élection présidentielle. Elle s’est aussi auto-pilonnée par son inculture économique et son incompétence politique et idéologique.

Etre la fille de Jean-Marie Le Pen ne suffit pas, avec le père on était au moins dans des références politiques et culturelles fortes. Les Insoumis de Mélenchon ont le blues car ils n’arrivent pas à construire une opposition réelle, même s’ils s’en revendiquent face à Macron. On se contente de critiquer la sortie de Macron à Chambord alors qu’il s’est comporté comme n’importe quel citoyen qui aurait pu louer la salle des fêtes pour y célébrer son anniversaire et la fête de Noël avec ses proches. Mais dans quel pays de jaloux, d’esprits chagrins et de petitesse sommes-nous ? Laissons les Insoumis à leur chagrin et à leur incapacité idéologique à faire face à Macron sur le terrain et revenons à la droite de Wauquiez nouveau Président des LR.

Macron s’attelle à dévitaliser le corpus idéologique des LR

Une partie de la droite française contribue à l’éclat sondagier de Macron. Plusieurs sujets qui n’ont jamais été traités par Les Républicains, alors qu’ils en parlaient de façon bavarde, le sont aujourd’hui de façon concrète par Macron. Il s’agit de la réforme du marché du travail, de l’impôt sur la fortune, de l’éducation et aujourd’hui de l’immigration.

Sur ce dernier aspect, un délégué interministériel a été nommé. Il se dit ici ou là que la politique d’immigration de Macron sera dure et tendra à s’aligner sur celle jadis voulue par les LR, mais jamais appliquée. Macron est un Président qui s’appuie sur l’observation de la société et qui prend les décisions en fonction des actions pratiques à conduire sur le terrain.

Son dialogue élyséen avec Delahousse sur France 2 le dimanche 17 décembre, avait pour objectif de rappeler aux Français qu’il a été élu sur un programme et que ce programme sera appliqué. Que nous dit la droite de Wauquiez ? Sur le plan du social, pas grand-chose, si ce n’est que de reprendre l’antienne des Insoumis en disant de Macron qu'il est le Président des riches, alors que lui-même, Wauquiez, pas très stable idéologiquement, est passé d’une droite sociale et démocrate chrétienne de Jacques Barrot dont il était l’aficionados, à une droite plus musclée qui fait les yeux doux à Marine le Pen après un transit par la droite de Sarkozy. Au plan de l’éducation, son discours n’est pas très clair alors qu’il est le produit de l’élite républicaine, administrative et politicienne par les études qu’il a faites (Henri IV, Normale Sup, Sciences Po et ENA).

Malgré ce cursus brillant, on reste confondu par l’indigence idéologique et politique de Wauquiez. Macron, qui n’a pas réussi Normale Sup mais l’Inspection des Finances après l’ENA, est beaucoup plus stratège et oriente mieux la France dans la mondialisation actuelle.

Wauquiez doit apprendre à être plus stratège socialement et moins idéologue politiquement

Wauquiez est devenu Président des LR car les poids lourds restants (Pécresse, Bertrand, Juppé) ont refusé le combat, sûrs de le perdre car une grande partie de la droite LR s’est radicalisée en déclarant que les ponts de rencontre pouvaient être entretenues entre les LR et l’extrême droite, ce que refuse faussement Wauquiez qui veut faire venir à lui une grande partie des électeurs de l’extrême droite déçue de Marine Le Pen et de sa gestion.

Que nous dit Wauquiez sur le marché du travail, sur la sécurité sociale, sur les retraites, sur les problèmes de fin de vie, sur l’excellence dans l’éducation et sur le vivre-ensemble dans une société française qui ne ressemble plus en rien à celle des années 1960 dans laquelle l’immigration était relativement faible et dans laquelle les enfants d’immigrés nés en France, devenus français, n’ont pas revendiqué leurs droits avant de commencer à le faire en 1983 avec la marche des beurs ? Avec Macron, l'Assemblée nationale est black-blanc-beur. Impossible chez les LR. Le phénomène est devenu récurrent et important. A ce problème de l’immigration vient se superposer un autre problème : celui du terrorisme.

La liste est longue. On va s’arrêter là. Sur tous ces sujets, que dit Wauquiez ? Pas grand-chose, sinon rien. Il préfère continuer le logiciel traditionnel de la droite idéologique buissonnienne qui a inspiré en partie Sarkozy et Fillon : on connait la suite, la droite dort.

Bon dodo Monsieur Wauquiez.