Avec l'affaire Harvey Weinstein et le tolet qu'elle a soulevé, on a eu l'impression qu'une soupape bouchant une cocotte minute longtemps en ébullition venait d'être retirée. Comme l'ouverture d'une boîte de pandore...
Plusieurs femmes souffrant en silence de Harcèlement sexuel en milieu professionnel ou simplement dans leur environnement social proche ou lointain ont librement pris la parole pour exprimer leur désarroi, mais aussi leur exaspération. Certaines femmes qui manquaient de courage pour dénoncer l'avanie ont trouvé des forces pour le faire.
Ensuite, il y avait aussi ces victimes du harcèlement sexuel qui purgeaient une double peine dans l'attente d'un jugement qui les affranchisse durablement des préjugés. Elles, ce sont les femmes qui, pour avoir refusé de subir le harcèlement sexuel, se sont vues, non seulement radiées des systèmes d'éducation, d'apprentissage et des milieux professionnels, mais encore, ont dû faire face au scepticisme de leur voisinage, lequel ne les a jamais prises au sérieux et n'a jamais cru à leur version.
Ces condamnées à la double peine espéraient enfin, qu'avec la libération de la parole suite au scandale suscité par l'affaire «Harvey Weinstein, elles deviendraient crédibles. Et puis, il y a eu la société dont la réprobation semblait unanime, chose qui n'est pas anodine car de tout temps, la réprobation sociale est à la base des normes de régulation sociale, c'est-à-dire, des lois.
C'est d'ailleurs ce qui explique qu'en France, on a senti l'exécutif et le législateur sur le qui-vive. On a senti que de part et d'autre, des projets de lois et des propositions de lois étaient en préparation. Du coup, on s'acheminait sur la voie de réformes et de lois protectrices des femmes et en même temps répressives des délits à caractère sexuel.
On le voit bien, si l'année 2017 s'est ainsi achevée sur une note d'espoir dans le domaine de la lutte pour les droits des femmes, c'est bien parce que l'affaire Harvey Weinstein a fini par ouvrir les yeux de tout le monde sur une violence faite aux femmes depuis longtemps, mais malheureusement banalisée. Et ce qui faisait plaisir dans cette affaire, c'est que même des hommes ont élevé la voix pour décrier cette ignominie qu'est le harcèlement sexuel.
La dynamique amorcée à l'échelle planétaire était cathartique. En effet, on voyait une société du 21ème siècle en train de s'exorciser d'un mal ancien. Or, c'était sans compter sur les émotions d'autres femmes, pour porter un coup sévère à cette catharsis collectivement assumée.
Des femmes à contre-courant d'une lutte générale pour sauver le fruit de leurs entrailles, les hommes
Contre toute attente, un collectif formé de femmes, non des moindres, a décidé d'aller à contre-courant de la vague de protestation contre le harcèlement sexuel. Comme toujours, ce sont des femmes qui viennent ainsi de poser un acte absolument défavorable à leur genre. Mais ce n'est pas un fait nouveau. C'est toujours ainsi.
A chaque fois que l'étau de l'éthique, de la morale et de la loi s'est resserré autour des hommes adeptes de la forfaiture, il s'est toujours trouvé des femmes pour les défendre. En effet, les motifs n'ont jamais manqué aux femmes pour voler au secours des hommes délinquants. Leurs entrailles se sont toujours émues dès lors qu'il s'agissait de punir fermement un homme coupable de manquements graves aux droits fondamentaux. Des motifs du genre : «T'as un pensé à sa mère ? Mets-toi à sa place. T'as pensé à ses sœurs et frères ? T'as pensé à sa femme ? T'as pensé un peu à ses enfants ? T'as pensé à sa grand-mère ? Mets-toi un peu à leur place. T'as pensé un peu à son père ? À son grand-père ? A ses amis ?
T'as pensé un peu à sa carrière ?... » Ainsi de suite. Et voilà comment, les femmes se sont faites et continuent encore de se faire l'avocat du diable dans l'espace et le temps. Tout cela parce que leurs entrailles ne font que s'émouvoir ! Et comme on ne peut pas leur ôter ni même leur anesthésier cet organe, ce sera toujours ainsi, et voici comment la condition des femmes ne s'améliorera jamais !
Dès le commencement, il en est ainsi. Le syndrome de Stockholm a toujours été plus aigu chez les femmes que chez les hommes. La complicité des femmes dans leurs propres souffrances n'est plus à démontrer. Et c'est ainsi que ça fonctionne, depuis le commencement du monde. Pourvu que les hommes soient en difficultés pour maltraitances aux femmes, que la fibre féminine se mette en branle, et que les femmes soient les premières à les défendre.
Les choses sont ainsi et ne changeront pas parce que les hommes sont les rejetons des entrailles des femmes.
Rappelons-le, ce soutien des femmes aux hommes en difficultés pour infractions à la loi, il est aveugle. En effet, avant de voler au secours des hommes en difficultés, les femmes ne se même posent pas cette question fondamentale : «dans les mêmes conditions, les hommes auraient-ils réagi de la même manière pour protéger les femmes ? Auraient-ils renoncé à leurs droits fondamentaux pour faire plaisir aux femmes ? » Bien sûr que la réponse est négative. Il n'y a que les femmes pour accepter l'auto-anéantissement au profit des hommes. C'est-à-croire que ce collectif à l'origine de cette pétition craint.
Franchement, ce collectif ayant signé cette pétition, ça craint !
Le plus choquant dans cette pétition de défense de « la liberté d'importuner des hommes », c'est le collectif qui l'a lancé. Plus précisément, la qualité des femmes signataires.
En effet, il ne s'agit pas de femmes analphabètes et de femmes sans instruction !
Il ne s'agit pas de femmes pauvres qui choisiraient le silence sur les maltraitances faites aux femmes pour des motifs économiques !
Il ne s'agit pas de femmes sans pouvoir, ni de femmes anonymes !
Au contraire, il s'agit de femmes de renommée mondiale, de femmes apparemment éclairées dont les femmes opprimées peuvent attendre un soutien. Ce sont des femmes qui peuvent convaincre les décideurs publics dans la prise de décisions concernant les couches sociales défavorisées dont la population est majoritairement féminine.
C'est une telle catégorie de femmes, porteuse d'espoir pour les femmes vulnérables qui a choisi de porter le coup fatal à la lutte des femmes. Que c'est malheureux ! Que c'est lâche ! Que c'est blâmable !
Du haut de leur piédestal, le regard qu'elles ont jeté sur les plus petites qui luttent au quotidien pour la sauvegarde de leurs droits est celui du mépris. De ce fait, la lutte des plus petites (et des personnes qui veulent bien les accompagner) contre le harcèlement sexuel ne fait que commencer.