En politique comme dans la vie, la nature a horreur du vide. La droite de Wauquiez se cherche, Mélenchon est présent avec ses coups de menton ; les résistances sociales se font jour. En animal politique jupitérien, Macron flaire le danger, accentue la « verticalisation » du pouvoir et apporte un zeste de modification de sa posture par l’ « horizontalisation » de sa méthode.
Il faut rencontrer les Français et leur parler les yeux dans les yeux. Après ces sorties médiatiques choisies sur TF1 et sur BFM, le Président est à la montagne dans les Vosges pour humer l’air frais des cimes, tout en restant dans la vallée pour dialoguer avec les Français.
Pied à pied il répond à un cheminot et à une citoyenne ; il est cordial et brutal en même temps. Il a un objectif précis : modeler le corps social en utilisant le modèle économique du pragmatisme et de la valorisation du progrès (entendez par là l’efficacité). Macron élabore un modèle sociétal libéral.
Un modèle libéral socialisé par le pragmatisme
Macron respire la sympathie et paradoxalement l’autorité que certains considèrent comme de l’autoritarisme. Macron estime que les laxismes de Sarkozy et de Hollande, sans parler de Chirac, ont fait beaucoup de mal à la France et aux Français qui préfèrent se recroqueviller sur les statuts, les positions acquises au lieu de prendre les risques que la mondialisation impose aux grandes Nations.
Macron, à tort ou à raison, estime que la France est une « grande Nation moyenne » qu’il faut ancrer dans la mondialisation. Il a fait la réforme du marché du travail, l’assurance chômage et l’apprentissage vont suivre ainsi que les retraites. Macron, mondialiste et français, souhaite casser les codes français en dévitalisant les acquis statutaires hérités pour certaines fonctions du Conseil National de la Résistance.
Macron, subtilement, instaure un Modèle social hérité de l’analyse économique qui valorise plus les individus et leur productivité que les groupes sociaux. Evidemment, il s'en défend.
Une partie de la France refuse le modèle macronien qu’elle juge trop rigide et trop concurrentiel; et pourtant, sans le dire, des cheminots aux fonctionnaires (Etat, territoires, hôpital) c’est le modèle de recherche de l’efficacité qui domine dans l'ADN macronien.
Dans la mondialisation ambiante, la France peine à construire un modèle à la Française qui ne soit pas hanté par le modèle américain d'organisation du travail que nous appliquons souvent en France après quelques années de retard (empowerment, rescheduling- responsabilité et suppression des échelon intermédiaires-) .
Comment construire un modèle social original dominé par l’efficacité individuelle et la valorisation de l’intérêt général
En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées, mais force est de constater que les idées disparaissent sous le poids de la mondialisation au sein de laquelle la France semble perdue pour construire un modèle original qui pourrait mêler efficacité individuelle et intérêt général.
Au nom de l’Europe et de la nécessité de réduire les coûts budgétaires, la France gravit la montagne européenne en se délestant des coûts salariaux qui doivent être réduits au plus bas pendant que l’Allemagne demande à Tavarès (PDG de PSA, propriétaire de OPEL) de ne pas baisser les salaires. Dans l’industrie, le patronat demande la baisse des coûts salariaux au nom de la compétitivité prix dont pâtiraient les entreprises françaises. Le véritable problème est ailleurs, c’est celui de la compétitivité hors prix (non maîtrise des langues étrangères par nos cadres, service après vente insuffisant, qualité des produits discutables dans certains cas. Ces problématiques liées à la formation ne sont jamais évoquées par Macron.
En revanche le Président, fier de sa méthode verticale, souhaite bousculer les corps intermédiaires au nom de l’intérêt général. Attendons de voir.