A Strasbourg, au Parlement européen. Macron a développé un discours qu’il estime novateur car il pense que la colère des peuples européens oblige les membres de l’UE à construire une nouvelle Europe en direction des peuples.
Macron est profondément européen et en France personne ne peut en douter. Pour préparer les élections européennes de 2019, le mouvement LREM fait du porte à porte pour recueillir les remarques, les idées et les innovations souhaitées par les Français. Cette méthode de l’enquête par le bas est instructive car elle permet au peuple d’envoyer des signaux clairs aux différents partis politiques.
La contribution de Macron à Strasbourg est significative et il n’est pas inintéressant de voir quelles sont les éléments les plus marquants qui structurent sa réflexion.
Prolégomènes pour une refondation d’une Europe de l’ambition
Pour Macron, l’Europe de l’ambition est démocratique et non autoritaire. Il envoie un message clair aux dirigeants polonais et hongrois qui profitent des fonds structurels européens grâce à leur adhésion à l’Union Européenne sans respecter les valeurs démocratiques instituées par l’Europe (asile et de l’immigration).La Hongrie et la Pologne contestent le principe de Dublin et la problématique de relocalisation qui obligent les Etats membres à inscrire et à enregistrer les migrants qui entrent leur pays et à partager le "fardeau" de l’accueil des immigrés.
La Pologne et la Hongrie utilisent le refus de leurs opinions publiques pour ne rien faire. Ces deux pays appartenant à l’Europe de l’Est n’ont jamais eu de colonies contrairement à la France, l’Italie, l’Allemagne et la Grande-Bretagne.
Nous savons qu’il y a un débat autour de cette question et sur la manière d’amener la Pologne et la Hongrie à accepter leurs obligations a-historiques.
Que faire? Macron ne donne pas de réponse, il reste dans l’énoncé du principe d’accueil des populations venant d’Afrique et du Moyen-Orient qui sont ostracisées par la Hongrie et la Pologne et ne dit rien sur les sanctions éventuelles concernant le refus de ces deux pays de satisfaire à leurs obligations morales et politiques.
Macron souhaite réinventer une souveraineté européenne, encore faut-il qu’il la définisse de façon très précise en expliquant les modalités de fonctionnement de cette souveraineté avec ses droits et devoirs. Pour l’instant, on reste dans le discours, on attend la clarification de celui-ci.
Souveraineté réinventée et création d’un programme européen pour financer l’accueil des réfugiés
Macron refuse d’appartenir à une génération de somnambules, il souhaite défendre fermement la démocratie et il demande aux européens de créer une synergie sur cinq sujets importants de son point de vue : la sécurité, la santé, l’économie, l’écologie et le numérique. Sur ces cinq sujets, Macron estime qu’il est indispensable que les peuples européens soient au coeur de ces domaines d’activité.Le numérique est le sujet sensible et essentiel qui modifie les modèles économiques et sociaux et il estime que celui-ci doit être fortement encadré pour éviter les dérives que l’on connaît actuellement avec Facebook ou Google.
Il faut créer les conditions d’une taxe qui limite sans contraindre les activités des entreprises du numérique.
Sur le plan climatique, il estime que les accords de Paris doivent être approfondis et doivent tenir compte de la souveraineté alimentaire de qualité pour les peuples européens. Concernant les droits de créer des œuvres et de les diffuser, il estime que la protection des auteurs et des créateurs doit être mise en avant, ceci participe de la promotion d’un espace de liberté où les droits individuels et collectifs sont respectés. Pour Macron, l’Europe doit être capable d’exister en tant qu’entité face aux Etats continents que sont les Etats Unis, la Chine, la Russie. Pour cela il reste un problème majeur: le financement du budget européen qui doit faire face à un manque à gagner notable avec le Brexit anglais (ressources en moins de l’ordre de 12 à 15 milliards).
Il est donc urgent de réfléchir à un budget européen acceptable afin de permettre à l’Union européenne de faire face à ses obligations économiques et humanitaires. Macron évite de se prononcer sur la problématique du régime politique de l’Union européenne (modèle fédéral ou coopératif). Sur le plan humanitaire, il fait une proposition : créer un programme européen qui permettra de soutenir les collectivités locales qui accueillent et intègrent les réfugiés. Macron a ouvert des pistes importantes pour régler la question de Dublin liée à l’accueil et aux relocalisations des immigrés. Il refuse la critique de certains députés sur l’intervention de la France et la Grande Bretagne en Syrie.