Haro sur les plans banlieues, Macron n’en veut plus car, comme il le dit lui-même, le premier plan date des années 70 (1977, 1er plan banlieue) au moment de sa naissance. En refusant de faire un n-ième plan, il a raison car ces plans n’ont fait qu’amplifier les problèmes: absence de logements et d’emplois, insécurité grandissante et aujourd’hui un communautarisme politique et religieux. On reste confondu par les annonces de Macron au cours de la présentation de sa méthode à l’Elysée.

Pour le Président, il n’y a pas de « banlieues » mais des territoires de la Républiques où il y a de graves problèmes qui représentent le miroir grossissant de nos difficultés actuelles.

Macron refuse la discrimination positive de façon globale mais invite quand même les chefs d’entreprise à être bienveillants vis-à-vis des jeunes banlieusards. 30 000 stages vont être ouverts à des jeunes de 3ième pour un premier contact avec l’entreprise. On sait bien qu’on n’apprend rien dans ce type de stage et que les entreprises recrutent difficilement es enfants issus de ces banlieues, quels que soient les diplômes obtenus à l'Université, voire dans les grandes écoles. On attendait du souffle pour une action concrète sur le terrain, la conférence de Macron ne fait pas d'annonces spectaculaires.

Pour Macron, « la banlieue n’existe pas » : il y a des territoires français à problèmes

La France a mal avec ses banlieues, mal avec son histoire et mal avec sa diversité.

Autre mesure prise par Macron: renforcer la sécurité, ce qui constitue un gage de justice pour lui. On demande à voir car un surplus de policiers n’a jamais résolu la problématique des injustices sociales. Concernant le trafic de drogue dont l’un des effets spectaculaire a eu lieu cet après midi à Marseille avec la mise en joue des policiers de la BAC par des malfrats cagoulés et lourdement armés, Macron propose un plan de lutte contre la drogue en juillet.

On attend là aussi de voir, on peut s’interroger sur l’efficacité de ce plan.

Sur le plan éducatif, Macron propose un plan formation/apprentissage/alternance, sauf que nous n’avons aucun élément chiffré et, si l’initiative est bonne, encore faut-il qu’elle se matérialise sur le terrain. Macron a commencé son mandat en dédoublant les classes primaires, surtout dans les zones les moins favorisées.

Certains professeurs des écoles se plaignent de l’absence d’infrastructures idoines pour accompagner de façon efficiente les dédoublements.

Comment expliquer la méthode Macron ?

Macron refuse les méthodes globalisantes pour s’attaquer aux territoires de la République en perdition. Il propose la méthode des petits pas qui convient à sa conception de la société des individus, au sens où Norbert Elias l’entend. Macron refuse de différencier la banlieue des autres territoires de la République. En revanche, il estime que l’idée moderne de l’individu doit permettre d’expliquer une double action, celle de l’Etat-providence aujourd’hui en crise et avec des moyens financiers limités et celle de l’individu moteur qui doit se prendre en charge.

La question actuelle de la réforme des aides sociales s'inscrit dans la même stratégie que celle portant sur la réforme des financements en direction des banlieues. Le problème est que dans les banlieues, certains individus sont tellement abîmés par leur propre histoire personnelle, qu’ils n’ont plus d’issue, si ce n’est que de s’en remettre à un infra Etat qui a pour normes le communautarisme, le commerce de la drogue et les trafics de tout genre. On aurait attendu que Macron dise clairement que le coût du plan Borloo (48 milliards d’euros) est trop exorbitant et ne permet pas aux finances de l’Etat d’apporter des solutions idoines tout en tenant ses engagements européens (réduction des déficits économiques et sociaux et baisse de la dépense publique).

Il faudra que Macron dise de façon concrète, et non pas simplement par des effets d’annonce, comment il compte réintroduire la République et le monopole de la violence légitime (Police, Gendarmerie, Armée, Justice) au sens de Max Weber pour éviter que les banlieues s’enfoncent dans la ghettoïsation. Ne rien faire, c’est préparer le lit d’un apartheid social, comme le dit Borloo, et qui est déjà une réalité dans certains territoires perdus de la République, pour reprendre le titre du livre de Georges Bensoussan. On sent le Président Macron dépassé par la montagne banlieue. La France ne se pense pas uniquement d’un point de vue économique mais aussi sociétal.