Le 21 juin 2018, le titre du sujet d’économie en BAC ES était le suivant : « Le salaire résulte-t-il uniquement de la confrontation de l’offre et de la demande sur le marché du travail ? ». Ce questionnement n’est pas inintéressant pour comprendre comment, sur le plan théorique, s’articulent offre et demande du travail. Le salaire est le prix du travail. Le salaire est-il fixé uniquement par la confrontation de l’offre et de la demande de travail ou bien existe-t-il d’autres déterminations de la fixation du salaire ? La réponse est effectivement non car, si le modèle théorique néoclassique fixe sur le marché du travail les conditions de l’émergence du salaire, le relâchement des hypothèses de base du modèle montre que l’hétérogénéité du facteur travail (différences de qualification, segmentation du marché du travail, disparités salariales femme/homme, asymétrie d’information, intervention des pouvoirs publics et des partenaires sociaux dans les négociations salariales) modifie les conditions théoriques de fixation du salaire.
Comment articuler la question économique actuelle de l’augmentation du SMIC voulue par Les Républicains avec la réalité économique du moment qui privilégie la maîtrise des coûts salariaux pour permettre aux entreprises de répondre aux défis de la mondialisation ? Le salaire a un aspect androgyne : c’est à la fois un revenu pour le salarié et un coût pour l’entreprise. Dans l’analyse néoclassique traditionnelle, le salaire, qui n’est pas nominal mais réel, est un coût pour l’entreprise alors que dans l’analyse keynésienne traditionnelle le salaire sans illusion monétaire est un revenu pour l’entreprise : il faut l’augmenter pour favoriser la hausse de la demande des biens et des services.
Les Républicains (LR) sont favorables à une augmentation du SMIC
Guillaume Peltier, député et Vice Président délégué des LR, propose d’augmenter de 20% le montant du SMIC en baissant de façon drastique les charges des entreprises. Cette augmentation aurait des effets positifs en matière de relance de la croissance. Valérie Pécresse, Président du Conseil régional Ile de France, estime qu’il faut aussi augmenter le SMIC.
Un autre député LR de l’Yonne, Guillaume Larrivé, estime qu’augmenter de 20% le niveau du SMIC (1498 € brut et 1188 € net après déduction des charges sociales) est une folie économique qui ferait exploser le chômage des personnes peu qualifiées. Il est intéressant de noter que l’augmentation du SMIC, donc du coût du travail pour l’entreprise, devient une solution à droite.
Ce tabou de droite est perçu comme un revirement idéologique mais correspond à la réalité actuelle des gains de la mondialisation grâce à des salaires élevés. La réussite des GAFAN (Google, Amazone, Facebook, Apple, Netfix) est en partie liée à un modèle économique qui a du mal à exister en France qui établit une relation entre réussite de l’entreprise, augmentation des salaires et participation à l’actionnariat des entreprises. La plupart des salariés de Google, Apple présents au début de l’aventure, sont millionnaires aujourd’hui et ceux qui entrent dans l’entreprise aspirent à l’être.
Utilité du débat « augmenter ou diminuer le salaire »
Le problème est celui de l’analyse de l’ancienne mondialisation des années 1970 aux années 1980 qui valorise la baisse des salaires pour faire émerger des gains importants pour les actionnaires.
Ce modèle n’a pas totalement disparu aujourd’hui, ce qui explique la grogne des salariés dont le pouvoir d’achat n’augmente pas. Le nouveau modèle de la mondialisation dans les années 2000 favorise le salaire d’efficience (salaire plus élevé que le salaire d'équilibre sur un marché du travail parce qu'il augmente la productivité du travail et favorise l’implication et la motivation des salariés).
La loi PACTE (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) ne pose pas la question de l’augmentation des salaires. L’analyse économique entreprise par les pouvoirs publics est différente, il s’agit avant tout de restaurer les conditions de l’offre des biens et des services, c'est-à-dire de la production et de la compétitivité des entreprises, avant de s’intéresser de la demande de travail qui continue d’être pour les entreprises à un coût trop élevé.
Dans la réalité, l’offre d’emploi est le fait de l’entreprise et la demande d’emploi celui du salarié. Pas d’augmentation de salaire, c’est la transformation économique des entreprises qui doit favoriser l’augmentation du pouvoir d’achat. La participation et l’intéressement doivent y contribuer. En France, la mondialisation est abordée dans son aspect minimaliste car il n'y a pas de réponse fine par rapport aux qualifications et aux innovations.