La politique représente des rapports de force et d’affrontement. L’affaire Benalla est en train de devenir une affaire politique car les privilèges, dont a bénéficié Alexandre Benalla, peuvent être considérés comme injustes par la majorité des Français. Emmanuel Macron a été élu sur deux aspects importants : la transparence et la moralisation de la vie politique. Depuis un an, Emmanuel Macron a restauré l’image de la France à l’étranger et conduit les réformes attendues par les Français. Grâce à un "solutionnisme" numérique, il a réussi une campagne électorale articulée autour de l’utilisation des algorithmes dans la vie politique.

Il a transposé au mode politique ce que les entreprises font auprès de leurs clients : des tests de qualité, des audits concernant les produits. Cette méthode appliquée à la vie politique lui a permis de gagner l’élection présidentielle.

L’affaire Benalla vient jeter un trouble dans l’opinion. Les auditions ce lundi 23 juillet de Gérard Collomb, Ministre d’État et de l’Intérieur et du Préfet de police Michel Delpuech, orientent les regards vers l’Elysée et donc en direction du Président de la République. Que sait le Président après avoir été mis au courant par son Directeur de cabinet ? On peut se demander pourquoi les décisions les plus radicales n’ont pas été prises immédiatement. Il ne s’agit pas d’accuser le Président de la République et encore moins de le mettre en cause.

Les enquêtes judiciaires et administratives en cours ne sont pas terminées. Néanmoins, on reste interloqué face aux déclarations du Préfet Delpuech qui estime que l’affaire Benalla « découle » de dérives individuelles inacceptables et condamnables. Qui était visé, l’Elysée ou les hauts fonctionnaires ? Le Secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, et le Directeur de Cabinet, Patrick Strzoda, seront auditionnés par le Sénat.

L’opinion attend, paradoxalement sans le presser, que le Président s’exprime.

Le Président doit trouver une fenêtre de tir pour s’exprimer devant l’opinion

Après trois ou quatre jours de silence volontaire, le Président a décidé de remédier au dysfonctionnement de l’Elysée. Le Président irréprochable doit le démontrer en prenant la parole car les fusibles politiques dans ces cas là (le Ministre et le Préfet de police) renvoient l’affaire Benalla vers l’Elysée et précisément vers le Cabinet du Président de la République et donc la Présidence.

Pour l’instant tant que les conclusions des enquêtes et jugements en cours ne sont pas terminées, le Président Emmanuel Macron a raison de se taire. En revanche, les Français ont beaucoup de mal à accepter qu’un simple chargé de mission à l’Elysée reçoive autant de privilèges en termes de salaire, de logement et de voiture de fonction et d’autres privilèges que l’on ignore sûrement. Le journal L’Express rapporte que Monsieur Benalla devait bénéficier d’un logement dont la superficie aurait été agrandie à 300 m² après des travaux d’un montant de 180 000 euros. Alexandre Benalla est accusé d'un passe-droit au sein de la haute administration policière et administrative .

La réforme des procédures de fonctionnement à l’Elysée sera la bienvenue

S ‘agit-il d’une affaire d’État ? Réponse : non. Est-ce une affaire politique ? Bien entendu, c’en est une quand il nous revient à l’esprit le cœur nucléaire de l’élection d’Emmanuel Macron fondée sur l’exemplarité, la transparence et l’innovation politique. Alexandre Benalla est peut-être allé au-delà de ses prérogatives mais la sanction n’a pas été à la hauteur de ce que l’on est en droit d’attendre. Il faut espérer que l’affaire Benalla ne devienne pas un marqueur pour Emmanuel Macron pendant tout son quinquennat comme l’est devenue l’affaire Cahuzac pour le quinquennat de François Hollande. Les révélations du journal Le Monde sur l’affaire Benalla doivent être valorisées et saluées car, n’eut été ce journal, on n'aurait rien su.

Le Président Macron, spécialiste de la com, a choisi de se taire en valorisant la séquence institutionnelle.

L’image du Président Macron est écornée aussi bien en France qu’à l’étranger. Il s’adressera, on le pense, aux Français le moment venu, mais cette affaire Benalla montre que les Français souhaitent une présidence morale et plus transparente pour la stabilité des institutions de la République. Pour le Président Macron, cette histoire est la preuve par l’expérience et le terrain que la République jupitérienne verticale doit aussi s’occuper de sa base sociale horizontale, c’est à dire le peuple et son souci de justice dans la direction des affaires du pays.