Le président Macron a été élu sur un consensus dominé par la démocratie participative : rassembler les Français en leur indiquant un horizon, la transformation de la France. Arrivé au pouvoir, Emmanuel Macron a tourné le dos à la démocratie participative et gouverne à partir de son Olympe jupitérien. Cette gouvernance est contestée par les gilets jaunes qui sont une représentation d’une partie du peuple qui refuse la verticalité présidentielle en estimant qu’ils ont été 'trahis'. La mort d’une gilet jaune, les nombreux blessés et l’absence de leaders du mouvement des gilets jaunes compliquent la tâche du gouvernement pour analyser concrètement l’importance du mouvement et son extension éventuelle ou pas.

L'expansion du mouvement via les réseaux sociaux

Les réseaux sociaux ont favorisé l’extension des points de rencontre des gilets jaunes. Cet outil démocratique de communication a permis au président Macron de gagner des élections présidentielles, mais, assez paradoxalement, se retourne contre lui.

Les différents rassemblements à travers la France sont hétéroclites et pas vraiment organisés. Cela peut être expliqué par le fait que le mouvement manque de leader, provenant uniquement du peuple, avec une seule volonté de dire non à la hausse des prix des carburants. Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, accepte le mouvement malgré lui. On assiste à des choses extraordinaires dans les rangs des forces de l’ordre, certains gendarmes portant des gilets jaunes.

Comment interpréter ce type de comportement ?

Les mesures du gouvernement n’impriment pas dans le public

Quelques jours avant la manifestation du 17 novembre, le gouvernement a annoncé des mesures allant dans le sens de la transition écologique. La prime de conversion a été doublée en passant de 2000 à 4000 euros pour ceux qui souhaitent changer de véhicule.

Les entreprises ont été sollicitées pour aider les gilets jaunes qui habitent les zones rurales ( 'Peut-on comprendre le mouvement des gilets jaunes si on ne vit pas à Montigny-le-Guesdier, petite commune reculée de Seine-et-Marne, à la limite de la Bourgogne ? Ou dans une des nombreuses villes qui lui ressemblent en France, en zone rurale ou en périphérie des métropoles ?' , écrit Le Monde).

Refus poli des entreprises, ce qui a obligé le gouvernement à reconsidérer la problématique du chèque énergie. Toutes ces mesures de bon sens n'ont pas convaincu les gilets jaunes qui manifestent actuellement. La faute en revient au gouvernement et au président Macron qui n’ont pas su dépasser l’explication et la pédagogie technocratiques de leur communication.

Le président Macron est immensément technocratique et non politique. Il faut se rappeler qu’avant d’être président, il a été ministre de l’économie de François Hollande et initiateur de son programme économique valorisant les impôts et l’interventionnisme étatique. Il ne faut donc pas se tromper sur la structure intellectuelle du président Macron qui est un faux libéral mais qui reste un interventionniste keynésien de premier ordre (hausse des impôts et dépense publique).

Il a beau critiquer ses prédécesseurs, Sarkozy et Hollande, il reste et demeure à leur image au niveau de la politique économique.

La révolte des gilets jaunes est celle du peuple ( Pour le géographe Christophe Guilluy, auteur de No Society, la fin de la classe moyenne occidentale et de La France périphérique, Comment on a sacrifié les classes populaires (Ed. Flammarion), le mouvement de contestation des Gilets jaunes va bien au-delà de la simple question du prix des carburants. 'C’est un ras-le-bol général qui s’exprime', cite Le Parisien).

Les Français et les gilets jaunes sont d’accord pour la transition écologique mais ils attendent que le gouvernement explique de façon nette ses différentes décisions, ce qui n’a pas l’air de plaire au président Macron qui préfère la brutalité verticale des décisions.

Le Président Macron s’est converti tardivement à la transition écologique, thème qui était quasiment absent de son programme électoral présidentiel. Il lui reste maintenant à dire aux gilets jaunes qu’il les comprend et qu’il va prendre les décisions adéquates. Le gouvernement ne doit pas retenir l’absence d’organisation et d’orientation des gilets jaunes, ce serait faire une erreur d’appréciation. C’est un mouvement social citoyen qui vient du tréfonds du peuple français et qui n’a pas besoin d’être organisé comme les partis politiques du vieux monde que le président exècre. Les gilets jaunes symbolisent un nouveau mode de mobilisation citoyen dans l’espace public.