Les chaînes de télévision montrent que le mouvement des gilets jaunes qui conteste la hausse du prix du carburant est en marche. Le comportement jupitérien du président est confronté à une difficulté réelle : comment expliquer de façon pédagogique les différentes réformes de transformation de la France à la population ?

Il y a manifestement une absence de méthode dans la façon de faire du président. Le peuple se révolte car il ne comprend pas les réformes. Celles-ci sont menées tous azimuts, ce que dénonce une partie des gilets jaunes qui mélangent tous les thèmes allant du pouvoir d’achat en passant par la fiscalité et la démission du président de la République.

« Les gilets jaunes font l'objet d'un mépris de la part du pouvoir, et les récentes déclarations du président de la République, avec son timide mea culpa au 20 heures de TF1, n'y changeront rien », cite le Figaro.

Les gilets jaunes constituent un mouvement hétéroclite venu d’en bas, un mouvement qui tente d’être récupéré par les partis politiques, comme le Rassemblement national, Les Républicains, le Parti Socialiste, Les Insoumis et Debout la France. Le président Macron est tout seul dans l’espace politique pour expliquer la transformation de la France avec quelques ministres dont le porte-parole, Benjamin Griveaux, a eu une phrase malheureuse en parlant de Laurent Wauquiez et de ses militants LR qui fument des clopes et qui roulent en diesel (" Après l'attaque de Benjamin Griveaux qui l'a qualifié de "candidat des gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel" en évoquant les tarifs du diesel, le président des Républicains répond sur BFMTV: "cette phrase résume tout le mépris qu'il peut y avoir dans ce gouvernement par rapport aux Français" " , cite BFMTV ).

Cette phrase malheureuse montre aussi la rareté d’autres voix ministérielles et des élus pour relayer la parole présidentielle sur le terrain. Le président Macron fait peur à ses ministres et aucun d’eux n’essaie d’émerger de façon significative. Madame Borne, ministre des transports, est aux abonnés absents. Monsieur De Rugy qui a laissé le perchoir de l’Assemblée nationale à Richard Ferrand pour le ministère du développement durable et de la transition écologique est quasiment inexistant et inaudible dans l’espace médiatique.

La signification des demandes des gilets jaunes

Le prix du carburant est le fil directeur, d’autres demandes émergent (fiscalité trop lourde, retraites) et traduisent finalement une exigence pour plus de transparence, de fléchage des impôts et d’explication de la politique entreprise par Macron et son gouvernement. Les gilets jaunes refusent une approche trop comptable de la vie économique et sociale et exigent plus de transparence et d’explication.

Le président Macron a réussi à accéder au pouvoir grâce à internet. Une fois la victoire acquise, il semble oublier le vrai peuple et se comporte en banquier comptable tout en se désolant de façon stratégique dans son interview sur le Charles De Gaulle de l’échec de la réconciliation du peuple avec ses élites politiques ( « Emmanuel Macron reconnaît ses erreurs. Le président vient de confesser sa difficulté à réconcilier peuple et élites, en admettant qu’il a sans doute commis quelques boulettes dans ses contacts avec les Français. », cite LIbération) . Le Président dit être du nouveau monde mais, par sa façon de faire, il appartient bien au vieux monde.

Que Macron laisse plus d'initiatives aux marcheurs sur le terrain

Le mouvement En marche est en train de se structurer et son délégué général va être désigné avec l'accord de Macron. Il existe des comités locaux sur le terrain mais dont les moyens financiers d’expression et d’explication de la politique du gouvernement restent très faibles alors que la contribution publique au financement des partis politiques donne des moyens financiers importants au parti majoritaire. Que les ministres et les députés soient plus visibles sur le terrain au moment où les élections européennes et municipales pointent leur nez. Ce sont des ministres techniques qui doivent apprendre à devenir politiques grâce à la parole libérée que leur laissera le président qui donne l’impression de tout savoir et de tout cadenasser.

Son élection a fait émerger l’esquisse d’une démocratie participative mais dans les faits c’est le contraire. Le mouvement en marche donne l’impression d’être un mouvement godillot qui ne fait qu’exécuter les desiderata qui viennent d’en haut. Les gilets jaunes sont le premier coup de semonce envoyé au président et à son gouvernement. Le peuple français est récalcitrant, frondeur et l’histoire a montré qu’il ne se laisse jamais faire par ses gouvernants.