L'Afrique a toujours été traversée par des nationalistes hors du commun. Ces patriotes des premières heures, ont dignement et valablement combattu pour la cause des Africains. Le combat s'est également étendu pour la libération des états africains, encore sous le joug de la colonisation. Paul-Bernard Kemayou, roi supérieur des Bangou (Ouest Cameroun) qui a régné de 1948 en 1959, en est un parmi ces illustres représentants.
En effet, encré dans les luttes nationalistes, il se fera tuer (17 octobre 1985 en Guinée) hors de son pays de suite d'un empoisonnement. Le Cameroun qui comptait l'UPC (Union des populations du Cameroun), un parti de nationalistes créé en 1948 dans la ville de Douala, a servi de tremplin à ces nombreux combattants. Doué de son ingéniosité, ce natif du royaume Bangou, devient à 21 ans, le 12e roi après le décès de son père Sinkep Charles.
Très apprécié, il sera même le premier roi Bamiléké à posséder une automobile. De ce fait, il est nommé auxiliaire d'administration, et reçoit la charge du ravitaillement des troupes coloniales stationnées à Bangou.
C'est ainsi qu'il devient membre de la résistance et commence à diligenter les troupes de nationalistes. Devenu une figure de la lutte indépendantiste, le roi Bangou va se rallier à ses camarades d'armes. Il va parallèlement former une intelligence anti-colonialiste, avec ses camarades de l'UPC. Et ce, face à la faction ennemie qu'est l'administration coloniale. Malheureusement, il sera destitué par ces colonialistes, par un arrêté datant du 21 avril 1967. Il est ensuite condamné à mort par contumace. Quelques temps après, Kemayou est remplacé par Christophe Djomo qui va essayer de ramener les déserteurs. Au décès de ce dernier, c'est le dénommé Kezembou Marcel, qui lui succède en 1979. Il devient ainsi le 14e roi Bangou.
Paul-Bernard Kemayou entre l'histoire et son combat
Ayant décidé de se cacher et de se réfugier dans les zones dites anglophones, ses actions vont le conduire dans la ville de Kumba en 1961. Paul-Bernard, durant son règne au royaume, va voir arriver Mr Quezel Colomb pour le combattre. Celui-ci est envoyé par le haut commissaire de la République française au Cameroun. En effet, ce dernier est roi de bureau de classe exceptionnelle des services civils de l'ex-Indochine, et nouvellement affecté au Cameroun. Il est ensuite nommé chef de poste administratif de la ville de Bangou, selon le décret du 16 Avril 1957. Toujours au regard de ses accointances avec les nationalistes tels que Félix Moumié ou Ernest Ouandié, sa lutte va le mener au Ghana et en Guinée Conakry.
Entre temps, son successeur en la personne de Kezembou Marcel, qui va régner 39 ans, ne fera pas l'unanimité au sein du clan Bangou. Les prouesses de Paul-Bernard Kemayou ont fait de lui un héros à l'échelle africaine. D'où sa dénomination de "Kemayou l'Africain".
Lors de ses descentes sur le terrain, lui et ceux appelés "maquisards" s'habillaient en robes de femmes pour ne pas attirer le moindre soupçon. Ceux-ci menaient ainsi le combat sans pour autant être démasqués. Par ailleurs, après sa fuite, les résistants de l'UPC ont brûlé le royaume. Cet acte signifiait ainsi leur désaccord avec l'administration coloniale. Suite à son exil en Guinée, il obtient une bourse pour la Chine, afin de poursuivre des études en médecine.
Il est ensuite devenu coordinateur et responsable des échanges entre l'Afrique et la Chine.
De retour en Guinée, il prend fonction à l'institut de coordination de la recherche et de la documentation de Guinée. Paul-Bernard va ensuite officier comme expert au service des archives nationales. Poste qu'il va occuper jusqu'à son décès.
Le royaume Bangou se souvient toujours de ce nationaliste
Toujours présent dans les cœurs des habitants de Bangou, les vestiges de son automobile font office de souvenir à l'entrée de cette grande bâtisse. Toutefois, par une quelconque machination, le royaume Bangou a été donné à un ressortissant Bamendjou. Et ceci au grand mépris de la tradition, car elle ne s'est pas soumise au La'akam.
Le roi remplaçant Kezembou Marcel, a régné sans pour autant avoir l'approbation des ancêtres comme il est de coutume à l'Ouest Cameroun.
Ce dernier qui s'est suicidé, est mort en laissant une série de procédures judiciaires enclenchées contre lui, pour faux et usage de faux à Bafoussam. Comme il est cité dans le quotidien "L'épervier" du mercredi 28 novembre 2018, il est poursuivi pour faux en écriture, et pour possession de plusieurs actes de naissance. Devant autant d'amalgames, les ressortissants de Bangou demandent l'inhumation de la dépouille de Paul-Bernard Kemayou. Elle devrait néanmoins être exécutée conformément à l'arrêté présidentiel de 1995. Le royaume réclame également le retour aux coutumes, en rendant le royaume à la famille de Kemayou Paul Bernard.