Les vœux présidentiels sont des déclarations d’intention qui permettent à Macron de faire enfin de la politique. Il affirme ses intentions et sa démarche au cours de trois vœux de vérité, de dignité et d’espoir. Pour le président Macron, il faut que la France arrête de se déconsidérer en tant que puissance démocratique qui doit être à la pointe de la transformation dans son espace économique et social. Il estime que la France doit parler vrai au moment où s’ouvre un débat national en France car c’est à ce prix que la France sera une démocratie robuste.
Il faut éviter le commentaire immédiat à l’heure des réseaux sociaux et des fake news et rechercher les règles de transparence, d’éthique et d’humilité. Il faut que chacun d’entre nous confronte le débat et ses propos à la réalité. La France a connu une année 2018 marquée par des avancées politiques et des résultats économiques importants, comme les transformations de la SNCF, la victoire de l’équipe de France, les ordonnances sur le marché du travail, l'éducation nationale, l'apprentissage. Le gouvernement sur cette base doit continuer à bâtir les nouvelles règles de sécurité.
Le chef de l’Etat était debout dans son intervention, aidé d’un prompteur. Il a voulu montrer aux Français qu’il était au travail et non courbé sous le poids des crises et des événements récents de 2018.
Le vœu de vérité a permis au Président Macron de dire que rien ne se bâtit sur le mensonge et qu’il faut débattre pour réussir. Le deuxième vœu de dignité implique chaque Français dans la manière de construire une nouvelle France qui associe démocratie représentative et démocratie directe dont les formes sont à trouver. Enfin le troisième vœu est celui de l’espoir qui permet à la France de continuer à être une grande nation dans l’Europe et dans le monde.
Une communication présidentielle réussie
Sur le plan formel, le cadre du discours présidentiel est réussi. Sur le plan fondamental, le Président de la République a pris une position ferme en décidant le retour à l’Etat de droit et de l’ordre. Le Président a voulu remontrer aux Français qu’il n’avait pas perdu la main et qu’il était toujours aux affaires.
Il n’a rien dit des problématiques évoquées par les gilets jaunes, comme la redistribution injuste des revenus ou comme le poids de la fiscalité sur les ménages les plus pauvres et les classes moyennes. Il a bâti un discours général fondé sur l’ordre républicain à tous les niveaux en rendant hommage à nos forces de l’ordre tant au plan national qu’à l’étranger. Macron a construit un discours dense en abordant tous les thèmes : l’amélioration des services publics, l’Europe, l’immigration, l’écologie. Il a construit un discours de réalité qui oblige les Français à être en face de leurs responsabilités. Ce discours vise à valoriser l’Etat de droit et à montrer que la gouvernance de la France est tenue.
Néanmoins, on peut comprendre que la problématique liée au SMIC et aux retraites, n’est pas été évoquée car le Président l’a fait en amont avec l’enveloppe des 10 milliards consacrés à ces questions. "Nous ne sommes pas résignés. Notre pays veut bâtir un avenir meilleur reposant sur notre capacité à inventer de nouvelles manières de faire et d'être ensemble. Telle est à mes yeux la leçon de 2018", dit le président Macron, retranscrit par le Huffingtonpost.
Ce qu’il faut retenir des vœux présidentiels
Sans réellement les citer systématiquement, les gilets jaunes ont permis au Président de la République de façon implicite de construire ses vœux en montrant qu’il faut dire la vérité à la société au nom du principe de réalité.
Dans son allocution, le chef de l’État a évoqué le mouvement des « gilets jaunes », mais ne les a pas nommés. Il a préféré dire, dès le début de son discours, que « la colère » en 2018 « a dit une chose : nous ne sommes pas résignés. » Emmanuel Macron a estimé que « les résultats » des réformes engagées depuis le début du quinquennat « ne peuvent pas être immédiats et l'impatience que je partage ne saurait justifier aucun renoncement ». Il faut travailler davantage et mieux s’organiser sans que la question de la répartition de la valeur ajoutée ne soit abordée. Il pense aussi, qu'au nom du vœu de dignité, il faut améliorer les institutions républicaines et le mode de prise de décision en articulant à la fois de la souveraineté représentative et une dose de souveraineté directe sans en préciser les modalités.
Sur le troisième vœu, le Président de la République estime que la vie politique, économique, sociale et culturelle dépend de la place de la France en Europe et dans le monde. Il souhaite construire un projet européen renouvelé avec en point de mire une justice fiscale acceptable par tous. Comment la Pologne et la Hongrie vont-elles accepter cette conception française ?