Monsieur chef du gouvernement tunisien,
Je dois peut être me présenter. Je suis une jeune étudiante dans l'une des plus anciennes et prestigieuses écoles de la Tunisie : l'Ecole Normale Supérieure de Tunis. Je suis également fille de parents qui ont fait partie du ministère de l'Education Nationale. Et je me retrouve au delà de mes vingt cinq printemps dépouillée de tout espoir, comme tous les jeunes. Il y a huit ans je suis sortie avec tous mes compatriotes pour manifester dans la rue. J'avais à peine dix sept ans, j'ai tout risqué sans me soucier des dangers et surtout des snipers.
J’ai eu la chair de poule en chantant l’hymne national tunisien : « Mourons s’il le faut pour que vive la patrie ! ».
J'ai rêvé d'une Tunisie meilleure
D'une Tunisie qui offrirait l'opportunité à des jeunes comme moi pour être épanouis dans leur pays. Mais me voilà, déçue... déçue de ne plus pouvoir réaliser mes rêves de petite fille : réussir mes études dans mon pays, dans ma Tunisie pour conquérir le monde. Mes parents ont aussi rêvé de m'offrir une vie meilleure. Et ils se retrouvent maintenant des années après leur retraite à se soucier du prix du pain, du lait, des œufs et des médicaments qui ne cessent d'augmenter contrairement à leur salaire. Oui mes parents qui ont tout sacrifié pour leur travail et leurs enfants.
Aujourd'hui je ne peux blâmer aucune personne à part les personnes qui décident pour le peuple et pour moi. Je ne peux blâmer que ces personnes qui votent pour l'augmentation (ministres et représentants du peuple au parlement) de leur propre salaire sans penser aux simples salariés paralysés comme mes parents.
Mais, tout dépend des décisions politiques
Monsieur Youssef Chahed ! Ne savez vous pas que, comme l’avait affirmé Brecht : « c’est le coût de la vie, le prix des haricots et du poisson, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques » ! Ne savez vous pas monsieur que ce sont vos décisions politiques qui font le malheur des gens!
A cause de vos décisions politiques, 2920 jours après le 14 janvier 2011, en chantant l’hymne national de mon pays je remets en question mes convictions. Je me demande pourquoi « Mais, si je meurs pour la Patrie, qui vas y vivre ? ». Certainement pas de pauvres gens comme moi ! Certainement pas les jeunes qui aspirent à une vie meilleure ! Après NOUS il ne subsistera que la dépouille !
Appel de détresse !
Monsieur le chef du gouvernement, c'est un appel de détresse que je vous lance aujourd'hui au nom de tous les jeunes tunisiens…
Une humble étudiante appartenant à la classe moyenne appauvrie.