Pour le mouvement des "gilets jaunes" comme pour le gouvernement, les samedis se suivent et ne ressemblent finalement pas.
Démarrée le 17 novembre 2018, cette contestation populaire, qui, selon les chiffres de manifestants annoncés par le ministère de l'Intérieur, tend à s'essouffler, pourrait toutefois marquer ce deuxième week-end du mois de mars d'une pierre blanche.
Face au bilan, parfois dramatique, de 17 semaines de manifestations économiques, politiques et sociales, plus ou moins violentes face aux forces de l'ordre, à quelques jours de la fin du Grand débat, lancé par le gouvernement le 15 janvier 2019 et dont le terme est initialement prévu pour la mi-mars, ce nouveau rendez-vous sera doublement décisif.
Les gilets jaunes doivent de leur côté renouveler la forme et gagner en lisibilité du mouvement qui, selon les derniers sondages, perd l'adhésion de l'opinion.
De son côté, le président Emmanuel Macron, en campagne européenne, qui multiplie les prises de paroles devant élus et citoyens et qui tient à rester ferme face aux débordements, aura malgré tout à mesurer l'ampleur d'une contestation durable et virulente dont les attentes 5 mois après demeurent intactes.
Gilets verts, Journée de la femme
A en croire les publications, les pages et les lives tenus par les groupes gilets jaunes sur les différents réseaux sociaux, et dont le nombre d'abonnés ne cessent d'impressionner, ce 17e acte s'annonce, à plus d'un titres, comme le début d'une nouvelle forme de contestation.
Profitant de la Journée internationale -particulièrement fédératrice- pour les droits des femmes du vendredi 8 mars, les organisateurs ont décidé d'étendre la protestation à 3 jours, du "vendredi soir au lundi matin", au lieu du simple samedi de marche devenu habituel sur pratiquement tout le territoire. Ainsi, la présence de femmes arborant un gilet jaune pourrait être constatée au sein des défilés pour les droits des femmes, notamment via le collectif "femme gilets jaunes".
De leurs côtés, les gilets verts, un autre mouvement de citoyens en colère, pour la transition écologique équitable, dont la devise est "Relier la justice sociale, l'exigence démocratique, l'urgence écologique, ça urge !" ont fait savoir qu'ils rejoindraient les cortèges du week-end.
Bus, covoiturages, hébergements
Au-delà des marches aux travers des grandes villes de France, des actions plus symboliques sont organisées, tel un sit-in géant au cœur de Paris, potentiellement sur le Champs de Mars, lancé par l'auto-entrepreneuse Priscillia Ludoksy sur Facebook.
Dans l'espoir de mobiliser le plus grand nombre, l'organisation des déplacements vers Paris, bus, covoiturages, hébergements... semble par ailleurs avoir été élaborée bien en amont par les principaux organisateurs.
Ces derniers, à l'image d'Eric Drouet, figure centrale du mouvement, ont lancé un "appel national", et annoncé un "acte décisif" et une "grosse date". Lors de son live Facebook, Eric Drouet a indiqué que cette date est "la plus importante depuis le 17 novembre, il n'y aura pas d'horaire, on ne rentrera pas à 17, 18 ou 19 heures".
Parallèlement, le premier ministre, Edouard Philippe, a récemment évoqué une série de mesure en faveur du pouvoir d'achat et concernant les secteurs de la construction automobile (baisse des prix des pièces détachées), de la santé (vente en ligne des médicaments), du logement (amendes pour les syndics) ou de la banque (accélération des offres de la Fintech).
Bras de fer
Des annonces politiques et militantes qui promettent pour chaque partie un week-end décisif. Gilets jaunes et gouvernement à nouveau face à face et toujours sans perspectives concrètes. D'un côté comme de l'autre, ce bras de fer devra pencher.