L'attaque terroriste contre l'islam dans la ville de Christchurch en Nouvelle-Zélande vendredi 15 mars 2019, dont le dernier bilan fait état de 50 morts et une vingtaine de blessés parmi les fidèles de deux mosquées, aura plongé, à nouveau, l'humanité dans la nuit des haines idéologiques. Ce drame a surtout révélé, en un clic, aux yeux du monde un sombre monstre, nourri de peurs, d'ignorance, de machinations et de soif meurtrière. L'auteur de ces lignes fera volontairement l'économie de l'identité et du détail des motivations du tueur de 28 ans qui, sous couvert d'avoir documenté, filmé, mis en scène son acte infâme et lâche, aura évidemment tenté de justifier pareille folie en produisant 74 pages d'idées nauséeuses testamentaires.
Cela n'apparaît pas utile tant ce dernier a atteint son objectif, impossible à éviter ou même à nier, faire basculer d'autres sociétés dans de lugubres introspections.
La Première ministre de Nouvelle-Zélande se révèle
Jacinda Ardren, Première ministre néo-zélandaise, est à bien des égards un chevalier blanc. Au-delà de son attitude exemplaire, de retenue, de fermeté et de pudeur, immédiate après le drame, Jacinda Ardern a pris les mesures nécessaires et de ce fait aura inscrit définitivement son mandat politique dans l'histoire. Moins d'une semaine après l'attentat, la législation néo-zélandaise sur le contrôle des armes à feu s'endurcit. Le gouvernement souhaite interdire les fusils d'assaut et autres armes de style militaire dans le cadre d'une réglementation entrant en vigueur le 11 avril prochain.
Par ailleurs, face aux besoins de notoriété, d'exister, de revendiquer, d'ameuter du criminel, la Première ministre a adopté la bonne posture à savoir : anonymiser le terroriste, ignorer son idéologie.
« Par cet acte terroriste, il recherchait beaucoup de choses, mais l’une d’elles était la notoriété. (…) C’est pourquoi vous ne m’entendrez jamais prononcer son nom.
C’est un terroriste. C’est un criminel. C’est un extrémiste. Mais quand je parlerai, il sera sans nom. Je vous implore : prononcez les noms de ceux qui ne sont plus, plutôt que celui de l’homme qui les a emportés » avait-t-elle déclaré dans un discours au Parlement national.
En France, dans la même logique, l'ensemble des journalistes, après l'attentat de Nice, avaient décidé de ne plus divulguer les documents de propagande ou de revendication de l'Etat islamique afin d'éviter "d'éventuels effets de glorification posthume", selon le directeur du Monde.
Jacinda Ardern incarne l'espoir
Jeune femme (39 ans), dirigeante de gauche, épouse, mère, élevée dans la foi, défenseur des travailleurs, des minorités, la biographie et le parcours politique de Jacinda Ardren, DJ à ses heures perdues, séduisent. Auprès de la population, son capital sympathie est tel dans l'opinion qu'une "Jacindamania" se serait emparée des Néo-Zélandais depuis sa prise de poste en 2017. Du côté des victimes, des cibles, Jacinda Ardern incarne un espoir. L'espoir pour la communauté musulmane de la compassion, de l'absolue innocence, de la fermeté immédiate de la part d'une importante dirigeante aux attitudes particulièrement scrutées en ce temps de crise, face aux pusillanimes, à l'amalgame et à l'instrumentalisation qui dominent encore l'ancien monde politique.
Des signaux forts, cruciaux pour rétablir la confiance d'une population musulmane circonscrite, accusée, accablée de drames, privée de légitimité, désorientée par les doubles discours des démocraties occidentales et nations arabes.
Un modèle à suivre ? Une relève politique tant attendue ? Grande naïveté de l'auteur de l'article sur une énième manoeuvre opportuniste ? Au coeur de ces irresponsabilités politiques, de ce marasme, de ces appels au sang, a pourtant émergé un visage, prêt à se voiler le temps d'une condoléance, une silhouette, une démarche, sans jugement ni compromission, Jacina Ardern. Peut-être juste une femme, responsable, qui, dans un cauchemar, aura éclairé un avenir incertain.