Lorsque l’on parle de la rébellion armée qui a sévèrement affecté la Côte d’ivoire, c’est à tort, que, le nom d’Alain Lobognon n’est pas souvent évoqué en Côte d’ivoire. Dommage! En effet, en septembre 2002, lorsqu’a éclaté une tentative de coup d’état visant le renversement des institutions républicaines, dans l’immédiat, les acteurs n’étaient pas identifiés. De ce fait, on se perdait en conjectures, les uns accusant d’anciens militaires revendiquant leur solde, les autres pensant plutôt à des militaires fidèles au Général Robert Guéï, agissant dans la reconquête du pouvoir qu’ils avaient perdu lors des élections d’octobre 2000.

Par la suite, lorsque, après l’échec de la tentative du coup d’état, l’insurrection s’est muée en rébellion armée, nécessitant des négociations politiques, des visages sont apparus du côté des insurgés, et l’on a commencé par mettre des noms sur eux. En outre, à cause de la récurrence de noms à consonance nordique dans les rangs des émeutiers, les observateurs de la politique ivoirienne ont attribué ce mouvement à des ressortissants ivoiriens originaires du nord du pays. Par ailleurs, on a pensé que les émeutiers étaient d’obédience musulmane. C’est dans cette perspective que la crise militaro-civile qui a ravagé le pays pendant une décennie a été qualifiée de crise ethno-religieuse.

Pourtant, certains noms et prénoms suffisaient à infirmer cette allégation suivant laquelle la crise ivoirienne était une crise ethno-religieuse qui mettrait en scène des ressortissants du nord ivoirien de confession musulmane, contre un sud majoritairement chrétien.

Et, parmi ces noms, d’abord, Guillaume Soro, un Ivoirien du nord, mais de confession chrétienne et non-musulman. Ensuite, Alain Lobognon, un Sudiste, non-musulman. Justement, le 23 décembre 2019 dernier, Alain Lobognon pleurait son "native Soro" à l’aéroport d’Abidjan. En plus, il eut la maladresse de publier un tweet avec de fausses informations.

Depuis, il est en prison pour "flagrant délit de divulgation de fausses nouvelles" et aurait demandé le baptême.

Alain Lobognon, le Sudiste non-musulman de la rébellion armée

Originaire de Fresco, Alain Lobognon est un enfant du littoral ivoirien. Son nom de famille Lobognon l’atteste bien, ainsi que certaines de ses tenues vestimentaires.

En effet, les ivoiriens l’ont vu plus d’une fois: revêtu de raphia, tissu traditionnel qu’affectionnent les populations de la côte atlantique ivoirienne, plus précisément, les populations lagunaires qui vont de Dabou, Jacqueville, Grand-Lahou, Grand-Bereby, Sassandra, San pedro, Fresco jusqu’au pays Dida (Divo, Lakota). C’est d’ailleurs chez lui à Fresco, et en grande partie à Grand-Lahou, Divo et Lakota que le raphia tire son origine. En Côte d’ivoire, on le sait, à l’occasion des grandes cérémonies, les populations du Midi (grand sud) ivoirien (région natale d’Alain Lobognon) revêtent de tenues confectionnées à partir du raphia. Et pour exemple, après avoir été ministre de la jeunesse et des sports, puis député élu de la circonscription de Fresco, c’est vêtu d’une tenue de raphia que le Député Alain Lobognon a fait son entrée au Parlement ivoirien pour marquer ses origines.

Ce qu’il faut retenir, c’est que, si au départ de la rébellion ivoirienne, les populations du Midi ivoirien ont unanimement condamné leur fils Alain Lobognon d’avoir recouru aux armes contre son pays, le temps qui s’est écoulé a apaisé les récriminations à son égard et aux différentes promotions qu’il a connues dans l’ordre protocolaire de l’administration ivoirienne. En effet, Alain Lobognon, à l’instar de son mentor Guillaume Soro, a connu une ascension rapide au sein des institutions républicaines. Pour cela, les populations du littoral ivoirien éprouvent pour lui, une grande fierté car Alain Lobognon leur fait penser à des personnalités politiques de la région telles Philippe Yacé, Arsène Usher Assouan, Alexis Thiérry Lebbé...etc.

Dans un pays africain comme la Côte d’Ivoire, où, l’origine ethnique des personnalités politiques définit très souvent les possibilités de développement local et régional, les espoirs du littoral ivoirien ont véritablement commencé à converger vers Alain Lobognon. Et sans donner dans la verve, pour les usagers de la Côtière (l’Autoroute du Grand Sud Ivoirien), Alain Lobognon était sans nul doute l’hirondelle qui allait faire leur printemps. Manque de pot pour les populations lagunaires, depuis quelques temps, les doutes ont émergé. Sur les bords de l’Atlantique, l’inquiétude grandit au sujet d’Alain Lobognon. Et pour cause, ce dernier est en prison. D’ailleurs, il demande le baptême.

Le 23 décembre 2019, Alain Lobognon a pleuré son 'Native Soro', il est en prison

En Côte d’Ivoire, la date du 23 décembre 2019 restera un jour triste pour Alain Lobognon et tous les partisans de Guillaume Soro. Ce jour-là, l’ancien chef rebelle et ancien président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire, en l’espèce Guillaume Soro rentrait à Abidjan, après un long séjour à l’étranger. Compte tenu de la date, on imagine que l’ancien séminariste de l’Église Catholique Romaine de Côte d’Ivoire qu’est Guillaume SORO, rentrait au pays pour les fêtes de Noël et de Nouvel An. Informés de son arrivée en Côte d’Ivoire, ses partisans ont convergé vers l’aéroport Félix Houphouët-Boigny de Port-Bouët pour lui réserver un accueil chaleureux.

Alain Lobognon, le fidèle parmi les fidèles de Guillaume Soro a conduit une délégation de notables de leur mouvement politique dénommé Générations et Peuples Solidaires (GPS).

Sans qu’ils ne le sachent, une mauvaise surprise les attendait. En effet, alors que l’avion de Guillaume Soro était dans les airs, à destination de la Côte d’Ivoire, un mandat d’arrêt international a été émis contre lui par la justice ivoirienne, soupçonné qu’il était, d’une tentative de coup d’état, lequel aurait été déjoué par les services secrets ivoiriens. Sur ces faits, l’avion de Guillaume Soro est dérouté sur le Ghana voisin. Ce fut un rendez-vous manqué avec ses partisans qui l’attendaient à l’aéroport d’Abidjan.

Déçus, consternés, et amères, tous hurlaient au complot contre leur leader Guillaume Soro. Dans une tentative de soulèvement pour protester contre la fatwa lancée contre Guillaume Soro par le régime d’Abidjan, ses partisans furent gazés et dispersés par la police.

Dans l’agitation de la foule des partisans acquis à la cause de Guillaume Soro, gazés et dispersés, la camera des journalistes reporters a réussi à capter une image, celle d’un homme, Alain Lobognon. Dans un élan d’amertume et de désespoir, ce dernier appelle au retour sans délai en Côte d’Ivoire de Guillaume Soro car pour lui, Alain Lobognon, "Soro doit rentrer en Côte d’Ivoire, son pays" et que "c’est le droit de Soro de rentrer dans son pays".

Hélas ! Le plaidoyer d’Alain Lobognon en faveur du "Native Soro" ne sera pas entendu. Au contraire, considéré comme subversif, séditieux, Alain Lobognon a terminé en prison pour "flagrant délit de divulgation de fausses nouvelles" suite à la publication d'un tweet. Au départ incarcéré à la MACA (Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan), il aurait été transféré nuitamment à la prison de Grand-Bassam. Le Midi ivoirien, complètement désespéré n’a d’yeux que pour pleurer son fils. Quant à son héros, Alain Lobognon, il se serait entièrement donné à Jésus-Christ, et ne jurerait désormais que par lui. En témoigne, le baptême chrétien que le rebelle ivoirien venu du littoral du pays s’apprêterait à recevoir en prison, d’un curé de l’Église catholique romaine de Côte d’Ivoire. Pauvre Alain Lobognon ! Pauvre région du Littoral ivoirien !