En Côte d’ivoire, l’année 2019 devait en principe s’achever sous de bons auspices pour l’homme politique Soro Kigbafori Guillaume. Et pour cause, l’homme avait accompli des prouesses politiques. D’abord, il avait annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 2020 sur la chaîne de télévision mondiale qu’est France 24. Ce qui lui crédite d’un capital politique énorme car tout le monde n’a pas cette chance particulière de s’exprimer sur France 24, a fortiori, pour y annoncer sa candidature pour la magistrature suprême. Ensuite, on se souviendra de cette rencontre mémorable avec son ami-ennemi Charles Blé Goudé à la Haye qui a surpris le monde entier, à commencer par les Ivoiriens.

Chacun se souvient des signes forts de cette rencontre : cette chaleureuse poignée de main entre les deux hommes, cette accolade fusionnelle, le tout nourri du partage d’un verre de l’amitié. Des signes forts qui ont ému l’opinion publique ivoirienne tout en suscitant un sentiment mitigé et polémique car pour les Ivoiriens, ces signes étaient tardifs. En effet, les Ivoiriens auraient souhaité voir la rencontre de ces deux personnalités avec tous ces signes forts un peu plutôt en 2002 car pour eux, si tel avait été le cas, la crise militaro-civile qu’ils ont connue n’auraient pas pris les proportions ravageuses qu’elle a prise. Qu’à cela ne tienne, et malgré les réticences des anciens combattants comme par exemple Patrick Zasso dit « Englobal », les Ivoiriens dans leur ensemble ont applaudi cette rencontre scellant la réconciliation véritable entre les deux hommes.

Bref, c’était un Guillaume Soro en pleine apothéose. Pourtant, L’homme a beau cumuler des points positifs pour booster son audience et augmenter son audimat, il ne pouvait pas échapper au traditionnel chemin de croix africain qui conduit au palais présidentiel. D’où, après être projeté dans l’arène des gladiateurs, il affronte maintenant l’épreuve de l’ordalie.

Guillaume Soro dans l’arène des gladiateurs du champ politique africain

Qu’il est dur et périlleux, le chemin qui conduit au palais présidentiel en Afrique. Quiconque l’a emprunté dans sa vie en sort mutilé mais surtout aguerri dans les coup les plus louches connus et méconnus au sein du genre humain. Pour comprendre le champs politique africain, il est nécessaire de comprendre le sens des rites de passage que Wikipédia définit clairement : « Un rite de passage est un rite marquant le changement de statut social ou sexuel d'un individu, le plus généralement la puberté sociale mais aussi pour d'autres événements comme la naissance ou la ménopause.

Le rituel se matérialise le plus souvent par une cérémonie ou des épreuves diverses.»

On l’aura compris, tout opposant politique africain qui se positionne pour l’élection présidentiel subit un véritable rite de passage qui le prépare à ses nouvelles fonctions s’il était élu.

Au fond, le champ politique en Afrique, c’est comme l’arène des gladiateurs. Tous les coups sont permis pour éprouver les impétrants au poste de président de la république. Depuis les intrigues, les menaces verbales et physiques, les dénigrements, les complots et pour finir, le passage par la prison. Il arrive même que l’opposant politique perde sa vie par meurtre ou assassinat. S’agissant de Guillaume Soro, disons qu’il est plongé à fond dans le rite de passage africain qui conduit au palais présidentiel.

En effet, depuis qu’il a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 2020, Guillaume traverse les moments les plus difficiles de sa vie. Jamais auparavant, il n’avait subi autant d’attaques. Ainsi, comme pour suivre le schéma traditionnel des opposants politiques africains, en donnant sa candidature à l’élection présidentiel, c’est dans l’arène des gladiateurs qu’il s’est jeté. De ce fait, accusé de complot et concussion, il se défend comme il peut mais l’adversité est féroce. Les flèches qui lui sont décochées sont des plus terribles. Par exemple, un mandat d’arrêt international est lancé contre lui au motif qu’il aurait tenté de faire un coup d’état et de renverser les institutions républicaines de son pays.

A ce sujet, le Président Alassane Ouattara lui promet toute la rigueur de la loi. D’ailleurs, plusieurs de ses proches sont en prison. Certains sont traqués. d’autres sont en fuite. Lui-même se trouve en exil. Et maintenant, avec la levée de son immunité parlementaire, il affronte une autre épreuve, celle de l’ordalie.

Guillaume Soro confronté à l’épreuve de l’ordalie

Les temps sont vraiment mauvais pour le Député de Ferkéssédougou. En effet, les choses prennent une tournure très amère. Alors qu’il subit les coups durs dignes des coups de l’arène des gladiateurs, il doit encore passer par l’épreuve de l’ordalie. Qu’est-ce que l’ordalie ? « Les ordalies constituent un mode de preuve judiciaire particulier au Moyen-Âge : le défendeur se soumet à une épreuve dont le vainqueur sera déclaré par la grâce divine, prouvant ainsi son innocence ou sa culpabilité."

De ce qui précède, et face à toutes les accusations dont il est victime, quel mode de preuve pour l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire ?

Accusé de tous les maux d’Égypte, poursuivi au grand mépris des six principes directeurs du Droit pénal (le droit à un procès équitable, le principe du contradictoire, la séparation des fonctions de justice, le respect des droits de la défense, la garantie des droits des victimes, le respect de la présomption d’innocence) tout indique que le seul mode de preuve qui s’offre à Guillaume Soro est véritablement celui de l’Ordalie. Dans tous les cas, l’immunité parlementaire de Guillaume Soro et celle de ses partisans est levée. La Cour de cassation de la République de Côte d’ivoire se dit compétente pour juger le candidat à l’élection présidentielle de 2020. On le voit bien, Guillaume Soro est dans la tourmente ; et il est certainement appelé à boire le calice jusqu’à la lie s’il tient à être présent de la République de Côte d’ivoire. C’était le cas de ses prédécesseurs. Ce sera le cas de ses successeurs. Ainsi en est-il des traditions en politique africaine.