"Une mascarade"... Voici les mots d'Agnès Buzyn à l'heure de qualifier la décision du gouvernement de maintenir la tenue du premier tour des élections municipales le 15 mars dernier. Une sortie que l'ancienne ministre de la Santé et des Solidarités dit désormais regretter, mais qui a déjà provoqué son lot de dissonance dans le monde politique à l'heure où celui-ci semblait pourtant avancer uni face à la crise du Coronavirus. Alors, comment comprendre que celle qui figurait parmi les partisans les plus dévoués d'Emmanuel Macron se soit ainsi retrouvée à livrer son ancien patron à ses détracteurs.

Dévouée, mais aucun sens politique

Il semble bien loin le temps où l'ancienne socialiste ne tarissait pas d'éloge à l'endroit de la politique du président de la République et du gouvernement. Dans une interview publiée par Le Monde le mardi 17 mars, la candidate de la République en Marche dans la course pour l'Hôtel de ville de Paris a livré son sentiment sur le fiasco de sa campagne et une pointe de regret sur la gestion de la crise de Covid-19. Une sortie révélatrice d'un manque de sens politique qui pourrait bien coûter cher au Chef de l'Etat d'ici la fin du quinquennat.

Et autant dire que la femme médecin de 58 ans n'en est pas à sa première bourde sur cette crise sanitaire qui a conduit la France à un confinement sans précédent.

Référence est ici faite à une mise en accusation infondée d'Anne Hidalgo alors sa rivale pour la mairie de Paris, qu'elle jugeait incapable de faire face à la pandémie, tandis qu'elle saurait mieux y préparer les agents de la Ville. Un épisode qui lui avait déjà valu de vives railleries de la part de ses adversaires, mais aussi de belles tapes sur les doigts de ses propres camarades marcheurs.

La majorité durement secouée

C'est d'ailleurs chez ces derniers qu'on ne semble pas prêts à digérer ce coup de couteau dans le dos, comme l'ont laissé entendre certains députés de la majorité. Beaucoup placent sous la coupe de son revers électoral la sortie de Madame Buzyn dans laquelle ils voient "du dépit", "une blessure d'orgueil" et de "la jalousie", vis à vis de son successeur Olivier Véran.

L'élu de l'Isère est en effet particulièrement salué depuis sa prise en main du ministère de la Santé et des Solidarités pour son efficacité et son énergie dans cette crise.

D'autres se montrent eux nettement plus amers dans leurs confidences suite aux propos de la professeure de médecine qui a retrouvé sa blouse blanche pour aider face à la pandémie. Auprès d'Olivier Beaumont, un journaliste du Parisien, un député lâchait ainsi "On a tous la nausée", tandis qu'un membre de la campagne du parti présidentiel assurait être "scié" par les déclarations de l'ancienne ministre. Et de fulminer comme de nombreux membres de l'opposition totalement effarés : "Je me retiens pour ne pas lui envoyer un message".