Elu en 2017 sur une pensée réformiste et libérale, le Covid 19 oblige le président Macron à modifier sa pensée économique pour la France. Les pertes abyssales attendues en matière de résultats économiques pour les entreprises, le désespoir social pour les classes populaires obligent le Président à modifier son agenda réformiste. La question économique fondamentale est : comment relancer la demande globale en stimulant la production et l’emploi ? Sur le plan politique et en pensant à 2022, comment se faire réélire en organisant un rassemblement républicain qui s’appuierait sur le Covid 19 pour rebâtir une nouvelle France ?
Tiens, voilà un slogan qui peut tenir la route pour 2022.
Sur le plan économique, Macron est obligé d’adopter une doctrine keynésienne de relance
Le macronisme n’a jamais été clair sur le plan de la pensée et de la doctrine économique. Le président Macron a emprunté à la droite et à la gauche des éléments de réforme pouvant satisfaire les deux camps. Cette pratique dans le domaine de la réforme des retraites a été perçue comme inopérante et floue. Le Covid 19 "sauve" le Président et l’oblige à préciser sa pensée économique. Celle-ci est claire et emprunte beaucoup à l’analyse keynésienne de l’intervention de l’État de façon massive dans l’économie. En nationalisant de façon temporaire les salaires grâce au chômage partiel, en s’endettant massivement sur les marchés grâce à des taux d’intérêt faibles et une signature française largement reconnue par les investisseurs institutionnels, le président Macron, Covid 19 oblige, retient une politique keynésienne de sortie de crise.
Cette politique de soutien à l’activité économique pour contrecarrer les effets récessifs sur la production et l’emploi, a été aussi retenue par la Commission européenne présidée par l’ancienne ministre de la défense allemande Madame Van der Layen. La Commission européenne a octroyé, au nom de la solidarité, plusieurs lignes de crédit en faveur des Etats membres : 240 milliards d’euros par l’intermédiaire du mécanisme européen de stabilité, 100 milliards d’euros pour soutenir les plans nationaux de chômage partiel, 200 milliards d’euros de la Banque européenne d’investissement en direction des entreprises et une ligne globale de 750 milliards d’euros de la BCE (Banque centrale européenne) à la disposition du système bancaire européen en direction des entreprises et des Etats.
Il faudrait au total, selon les calculs, l’équivalent de 1600 milliards d’euros pour que le sauvetage soit complet. Nous sommes au cœur de la politique keynésienne qui favorise une policy mix (politique budgétaire et politique monétaire afin d’améliorer les conditions de financement de l’économie). La politique monétaire est là présente grâce à des taux d’intérêt faibles et la politique budgétaire est présente également grâce aux disponibilités financières qui vont permettre d’augmenter la dépense publique à laquelle il faudra ajouter les emprunts réalisés sur les marchés financiers.
Cette policy mix suffira-t-elle à soutenir l’économie française dans les domaines économiques et sociaux ? Comment le Président Macron va-t-il utiliser cette manne financière pour devenir un pro-keynésien à court-terme sans se départir de sa pensée doctrinale de libéral réformiste à long terme à l’aune de la gestion sanitaire de la crise sanitaire ?
Gestion de la crise sanitaire par le président Macron
Après de nombreux tâtonnements, le président Macron vient de trouver la distance et la bonne cadence pour gérer la crise sanitaire. Comme disait Keynes, le court-terme est important pour relancer les politiques conjoncturelles. Le président Macron doit se situer dans le structurel, c’est à dire dans le long terme.
Il lui faut trouver une trajectoire qui lui permette de sauver la France à court terme et de préparer éventuellement sa réélection en 2022. le président est prêt à sacrifier un certain nombre de réformes, comme celle de la retraite, afin de fonder un pacte républicain sur 3 ou 4 grands thèmes pour sauver la France. La crise sanitaire ne doit pas dissimuler, au nom du consensus à rechercher, le dissensus réel dans la classe politique française. Il reste au président Macron d’avoir la main sur deux manettes : résoudre la crise sanitaire et préparer sa réélection en 2022.
De sa capacité à donner une direction claire pour la résolution de la crise sanitaire et de son enthousiasme à apporter des réponses aux systèmes économiques et sociaux dépendra sa réélection en 2022.