Dans le sillage du confinement généralisé décidé et imposé à l’ensemble des populations d’Europe et d’ailleurs en début d’année, certain.e.s se sont rapidement inquiété.e.s de l’impact de cette décision sur leur apparence physique. En effet, face à la crise du nouveau coronavirus, toutes les sorties devaient être justifiées, et les espaces jugées potentiellement à risques, comme les salles de sport, ont vu leurs accès fortement restreint, voir fermées au public pour un temps indéterminé.
La pétrification des corps
Face à cette situation, certains se sont inquiétés que l’immobilisation de leur corps dans leur appartement ne devienne un "piège" qui risquerait d’accroître leur masse graisseuse. Ainsi, tout au long du confinement d’aucun.e.s se sont amusé.e.s à publier dans les réseaux sociaux des images dégradantes de personnes dites "grosses" ou des mèmes de personnalités célèbres prétextant que l’aboutissement de la période de confinement se traduirait par une prise de poids forcée de tous. Nous assistons alors à une éclosion d’une forme nouvelle de discrimination nommée la grossophobie.
Face à cela, une chasse à la grossophobie s’est lancée et depuis, ne cesse de réunir et de mettre à la lumière de nouvelles formes de paroles.
Le Body Positive, la contre attaque
Pour répondre à cette montée de la grossophobie, de plus en plus de "gros.se.s" décident de dénoncer publiquement et médiatiquement certains propos jugés obscènes et de mettre au jour cette stigmatisation apparente. Pour ce faire, des associations comme Gras Politique, pointent du doigt les préjugés attenants aux "gros.se.s" et développent une contre-attaque à travers le concept du "Body Positive". Le but étant de mettre en valeur, par la danse, l’art et la photographie, les corps gras. C’est par exemple le cas de l’influenceuse lyonnaise de 32 ans Virginie Grossat qui, de sa taille 54, publie sur son compte Instagram énormément de clichés de son corps, de ses formes et de sa sensualité, dépourvus de gênes ou de honte.
En somme, de revendiquer un Body Positive qui diffuserait une image positive et légitime du corps diamétralement opposée à ce qui est diffusé dans les réseaux sociaux. Ainsi, s’est constitué à l’encontre des préjugés réducteurs, tout un mouvement "protopolitique" dans lequel des femmes et des hommes revendiquent une nouvelle forme d’identité attachée à un corps longtemps méprisé.
Reste à savoir si ce mouvement revendique et légitime l’obésité ? Ceux à quoi répondent non les associations mais seulement de revendiquer une dignité tout aussi légitime que celle d’avoir un corps "normal". Alors il est facile de voir que ce mouvement, encore en gestation, pourrait à long terme devenir une réelle force politique qui se cristalliserait une nouvelle conception du corps. Affaire à suivre.