C'est un juste de retour des choses : la maire de Lille, qui, à la dernière primaire de la gauche de 2011, avait été soutenue par Benoît Hamon, est maintenant l'un de ses plus fidèles lieutenants. Ainsi, hier, lors d'une conférence de presse à la mairie de Lille, elle a rappelé à l'ancien ministre de l'Economie les fondamentaux, et est même allée jusqu'à critiquer violemment son programme, jugé trop libéral, parfois démagogique, et proprement anti-écologique.
Economie et société
Martine Aubry fait le même constat que Jean-Luc Mélenchon concernant les propositions d'Emmanuel Macron : elles rappellent des programmes libéraux de la droite et du centre des années 1980.
Pire, ce sont là des résidus du néolibéralisme de ces années, repris aux Anglais et aux Américains, qui n'ont jamais réellement fonctionné lorsque l'on a tenté de les appliquer au modèle français. La maire de Lille accuse Emmanuel Macron de vouloir faire des économies dans les dépenses publiques en supprimant 120 000 postes de fonctionnaires, ce qui est du jamais vu pour un ancien ministre de gauche. Car la gauche est profondément attachée au service public et à l'importance des fonctionnaires pour, véritablement, faire fonctionner l'Etat. De plus, Emmanuel Macron, selon elle, perpétue le discours d'assistanat porté jusque-là par la droite, qui accuse les chômeurs de profiter du système alors que, pour la plupart, ils s'en sentent coupables.
" Son programme économique reprend les programmes libéraux anglo-saxons des années 1980. C'est réduire les services publics, réduire les déficits, que les salariés travaillent plus et qu'ils soient moins payés. Dans son programme, les Français vont casquer : 60 milliards en moins de l'Etat, on continue d'aider les entreprises, on baisse les cotisations et on augmente la CSG de 1.7%, même pour les retraités.
Ce n'est pas la modernité, Macron, il utilise de vieilles recettes qui n'ont jamais marché. (...) Sur le plan social, il faut serrer. Il demande un peu plus de responsabilité aux chômeurs, aux retraités, aux salariés. Mais il les connaît, ces gens ? Non. Il connaît mieux le milieu de la City. Tout ce qu'il veut, c'est du libéralisme économique et de la flexibilité pour les salariés."
Ecologie
L'allusion de la maire de Lille aux propositions écologiques est très brève, comme, finalement, l'allusion que fait l'ancien ministre de l'Economie à l'écologie dans son programme.
Selon elle, il ignore les enjeux liés à l'écologie. En effet, il prône le libre-échange, qui, en règle générale, ne se pose aucune contrainte de type écologique au niveau des importations et des exportations. Benoît Hamon souhaite la sortie de la France du diesel d'ici 2025, alors qu'Emmanuel Macron n'est pas ferme face au diesel. En effet, il avait trouvé scandaleux que l'on souhaite s'attaquer à cette énergie, mais avait tout de même fini par dire que le diesel devrait atteindre la même fiscalité que l'essence d'ici la fin de son mandat. De plus, l'ancien ministre de l'Economie ne veut s'attaquer ni au nucléaire, ni construire davantage de sources d'énergie renouvelables. Enfin, il a soutenu la construction d'un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, malgré les risques pour la biodiversité et les enjeux pour les habitants de cette petite commune.