Hier soir, Benoît Hamon, candidat du parti Socialiste à l'élection présidentielle, tenait meeting à Lille, sur les terres de Martine Aubry, l'une de ses plus ferventes supportrices. Lâché par Manuel Valls et certains grands pontes de son camp, crédité d'à peine 10% selon certains sondages, il a décidé de hausser le ton avec l'aide de la maire de Lille, qui s'est chargée d'attaquer Emmanuel Macron, mais surtout l'un des nouveaux soutiens de ce dernier, le "traître" Valls. L'ancien premier ministre de François Holande a officiellement annoncé son soutien au leader d'En Marche, balayant ainsi d'un revers de la main la promesse faite de soutenir coûte que coûte le vainqueur de la primaire.
Pour Benoit Hamon, "ceux qui souffrent de cette trahison, ce sont les électeurs". Selon lui, le peuple va continuer à rejeter les pratiques politiques actuelles, favorisant ainsi la montée du Front National.
Parallèlement, les équipes de Benoit Hamon ne perdent pas l'espoir d'un retrait de dernière minute de Jean-Luc Mélenchon au profit de leur poulain. Mais en meeting au même moment au Havre, le leader de la France Insoumise a, une nouvelle fois, rejeté la proposition : "Je ne négocierai rien avec personne". Le PS "vient d’exploser sous nos yeux", avec la fuite de plusieurs personnalités du parti vers Emmanuel Macron, qui "traîne dans son fourgon onze anciens ministres de Jacques Chirac". Pourtant, le parti Communiste, soutien de J-L Mélenchon, semblait prêt à faire candidature commune avec Benoit Hamon.
Attaques contre le Front National
Au cours de son meeting lillois, le candidat socialiste s'en est ensuite pris à la candidature de Marine Le Pen, en attaquant le programme du Front National sur tous les terrains, des questions internationales aux sujets économiques et sociaux, en passant par l'écologie. Il a dénoncé les références permanentes de l'extrême-droite à l'immigration et à l'Islam, et rappelé que le FN trempait actuellement dans des affaires politico-financières, au même titre que François Fillon.
Benoit Hamon prévient donc les électeurs qui seraient tentés par le vote Marine Le Pen, séduits par son discours en matière sociale. Il traite également le FN de "mafia" refusant de se rendre aux convocations de la Justice dans l'affaire des assistants parlementaires.
Martine Aubry vent debout contre la fuite au centre
De son côté, Martine Aubry a ciblé ses attaques contre le duo Emmanuel Macron - Manuel Valls : "Certains sont surpris ?
Pas moi, qui se ressemble s’assemble. (...) Quand on préfère garder le pouvoir plutôt que les valeurs, et bien voilà". La maire de Lille fustige les mesures libérales du gouvernement sortant, qualifiant Emmanuel Macron "d'inspirateur majeur de la loi El Khomri" et de "candidat qui aime l’argent et pas les gens".
Selon le quotidien Libération, le discours de Martine Aubry a été revu et corrigé avant son intervention, et les attaques les plus violentes contre le candidat centriste ont été supprimées. L'ancienne ministre du Travail de Lionel Jospin refuse de voir la France régresser économiquement et socialement, et critique le "soi-disant vote utile : tous les candidats peuvent battre Marine Le Pen".