Le Président de la République François Hollande participe ce matin à la cérémonie commémorant le centenaire de la bataille du Chemin des Dames, dans l'Aisne, où plus de 200 000 soldats ont été tués. Il doit se rendre sur les principaux sites de cette bataille, comme la Caverne du Dragon, une caserne souterraine ayant été utilisée par les soldats à ce moment, qui est aujourd'hui devenue un musée. Par la suite, il se recueillera avec l'ambassadeur d'Allemagne dans le cimetière militaire allemand de Cerny-en-Laonnois, puis partira pour la nécropole nationale, où reposent les soldats français tués lors de cette bataille.

16 avril 1917 : une offensive française meurtrière

La bataille du Chemin des Dames est également appelée " Offensive Nivelle ", du nom du général français qui l'a préparée et déclenchée. Elle a pris place dans l'Aisne, en Picardie, contre les troupes allemandes, et fut l'une des batailles les plus meurtrières de cette guerre, avec Verdun et la Somme. Ce sont notamment les tirailleurs sénégalais qui ont péri en plus grand nombre, les pertes de leur côté se comptent en milliers d'hommes - en effet, ils étaient envoyés en première ligne par le commandement français dans le but d'effrayer les soldats allemands, qui, pour la plupart, n'avaient jamais vu d'hommes à la peau noire.

L'offensive débute le 16 avril sur un large front, de 40 km, grâce à deux attaques simultanées dans deux lieux différents.

L'objectif du général Nivelle est de percer le front allemand en moins de 48 heures grâce à des attaques surprises. Néanmoins, à ce moment, l'attaque est attendue par les Allemands, qui entendent depuis 15 jours de grands préparatifs d'artillerie côté français. Ainsi, les Français se lancent dans une bataille de mouvement qui s'enlise et dépasse largement le temps escompté par le général Nivelle ; le terrain est accidenté à cause des ravages laissés sur le paysage par la bataille de la Somme, et l'avancée est difficile.

Parmi les 161 250 tirailleurs sénégalais mobilisés lors de la Première Guerre mondiale, 15 000 se trouvent sur ce front et sont envoyés en première ligne : 7500 mourront, soit à cause du froid, soit à cause des mitraillettes allemandes. Après 10 jours de combats et plus de 30 000 soldats français tués, la bataille se solde par un échec retentissant pour les Français qui, dégoûtés par la boucherie inutile à laquelle on les envoie, entament bientôt des mutineries contre l'état-major.

Le général Nivelle est écarté du commandement de cette bataille et remplacé par le général Pétain, qui met fin aux mutineries. La bataille reprend en mai, puis s'achève en octobre, 5 mois plus tard, avec une difficile victoire française.

Une bataille longtemps ignorée

Cette bataille a très peu été commémorée par les Français, qui en gardent un souvenir honteux. En effet, la mémoire officielle aime rappeler les grandes victoires, mais pas les terribles défaites. C'est aussi une question d'image, car cette bataille montre à quel point l'état-major français s'est perdu dans de gigantesques sacrifices en termes de vies. A cette époque, il était plus le bourreau des Français que leur défenseur. Il a sacrifié la vie de 100 000 soldats pour connaître un échec retentissant, une déception amère pour les survivants qui a conduit par la suite aux nombreuses mutineries.

De plus, cette bataille a mené à une division profonde du camp français, les dirigeants politiques entrant alors en conflit avec le commandement militaire, qu'ils ont accusé d'irresponsabilité. Les exécutions en nombre des mutins ont aussi contribué à cette honte que nous gardons de la bataille du Chemin des Dames.