En devenant président de la République et après avoir choisi son Premier ministre, Emmanuel Macron s'est attelé à former un gouvernement d'ouverture, mêlant Socialistes, Républicains et centristes. Il en a également profité pour créer un nouveau ministère, celui de la Cohésion des Territoires, qui regroupe en réalité les fonctions occupées jusqu'à présent par les ministres de l'Aménagement du Territoire, du Logement et de la Ville. Ce poste est occupé par Richard Ferrand, l'un des plus fidèles collaborateurs du président Macron et ancien secrétaire général du mouvement créé par ce dernier, la République en Marche.
Ancien membre du parti Socialiste, Richard Ferrand est aujourd'hui soupçonné par le Canard Enchaîné de favoritisme envers sa compagne en 2011. Alors que le Garde des Sceaux François Bayrou prépare une première loi sur la moralisation de la vie Politique, la polémique fait tâche d'encre.
Les détails de l'affaire
Richard Ferrand a été directeur général des Mutuelles de Bretagne, ce qui l'a conduit, en 2011, à louer des locaux pour créer un centre de soins à Brest. Selon Le Canard Enchaîné, trois offres lui ont été proposées et il a choisi celle d'une société immobilière appartenant à sa compagne, de quoi soupçonner le conflit d'intérêts. C'est à ce moment-là que la compagne de M. Ferrand aurait créé une société civile immobilière (SCI) et fait une demande de prêt bancaire, qui a été acceptée en prévision des loyers versés par Les Mutuelles de Bretagne.
De plus, le montant du prêt correspondrait à la valeur totale des locaux loués qui étaient, à l'époque, "en mauvais état".
Par la suite, après la rénovation complète de ces locaux, la valeur de la SCI a été "multipliée par 3000" en six ans. Mais Richard Ferrand a une ligne de défense, comme il l'a expliqué à BFM TV ; selon lui, le conseil d'administration de la mutuelle et dont il ne faisait pas partie a "retenu la meilleure offre, qui était celle d'un local détenu par ma compagne".
Le ministre indique également, à titre de preuve, que le bail de location a été renouvelé, ce qui signifie, selon lui, que les gestionnaires du centre de soins ouvert sont satisfaits.
Hier matin, le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner a affirmé sur Europe 1 que son collègue Richard Ferrand ne contestait aucun des faits reprochés, en rappelant que tout cela était légal, mais "ça tombe mal car cela crée de la suspicion dans un contexte de suspicion".
De même, l'un des responsables de La République en Marche, Benjamin Griveaux, expliquait sur RTL que ce sont uniquement les transferts d'argent public qui sont punis. "Là, c'était de l'argent privé", ajoute-t-il.
Un fils attaché parlementaire
Mais ce n'est pas tout, puisque Le Canard Enchaîné ajoute qu'entre Janvier et Mai 2014, Richard Ferrand a employé son fils comme attaché parlementaire, lui offrant par la même occasion un salaire de 6.800 Euros. Le nouveau ministre de la Cohésion des Territoires s'est alors immédiatement défendu au micro de France Info : "si c'était à refaire, je ne le referais pas", tout en ajoutant que le travail effectué par son fils à l'Assemblée Nationale était effectif, contrairement aux activités fictives qui planent encore au-dessus de Penelope Fillon, mise en examen pour détournement de fonds publics.
Bien sûr, face à de telles révélations, toute la classe politique en a profité pour crier haro sur ce nouveau gouvernement. Marine Le Pen (Front National) parle "d'enrichissement personnel immoral" et demande la démission du ministre. Pour François Baroin (Les Républicains), Richard Ferrand doit prendre ses responsabilités afin de décider "s'il est en situation" de poursuivre son action au sein du gouvernement. De son côté, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, a demandé "solennellement" au Premier ministre et au Garde des Sceaux de s'expliquer sur les révélations du Canard Enchaîné. Par ailleurs, le PNF (Parquet National Financier) a déclaré qu'il n'ouvrait, pour le moment, aucune enquête.