La journée d'hier Mercredi 28 Juin a été plutôt mouvementée à l'Assemblée Nationale, présidée désormais par l'ancien écologiste François de Rugy (La République en Marche). Il fallait d'abord désigner les membres du bureau de la chambre basse, à commencer par les trois questeurs qui auront la charge des finances de l'hémicycle. Florian Bachelier (Ille-et-Vilaine) et Laurianne Rossi (Hauts-de-Seine) représenteront la République en Marche dans cette fonction ; le troisième questeur doit normalement être issu de l'opposition. Mais au lieu de favoriser l'élection d'un membre des Républicains, l'assemblée s'est tournée en majorité vers Thierry Solère, membre de LR mais Macron-compatible, élu grâce aux voix du Modem, de la République en Marche et de son groupe, les Constructifs, qui réunit des membres des Républicains en rupture avec la ligne de leur parti, mais aussi la quasi-totalité des députés centristes de l'UDI, plutôt favorables à la Politique du nouveau gouvernement.

Thierry Solère a donc été choisi avec 306 voix, contre seulement 146 pour le "Républicain officiel" Eric Ciotti.

Les Républicains crient au scandale

Comme on pouvait s'en douter, la mise sur la touche d'Eric Ciotti n'a pas du tout plu aux soutiens de ce dernier. Le groupe Les Républicains, par la voix de son patron Christian Jacob, estime que "les droits de l'opposition sont bafoués", car les trois questeurs élus, dont celui issu des Constructifs, sont finalement des soutiens du président Macron : "M. Solère, et c'est son plus grand droit, a fait campagne pour que M. Macron ait une majorité. Qu'on ne nous explique pas maintenant qu'il peut représenter l'opposition !". Certains députés LR demandent ainsi l'exclusion des membres de leur parti siégeant au sein du groupe Les Constructifs.

Emmanuel Macron cherche-t-il à avoir les pleins pouvoirs ?

Une autre polémique sévit sur les bancs du parlement depuis hier 28 Juin : le président de la République souhaite réunir les parlementaires en Congrès à Versailles avant la prononciation du discours de politique générale du Premier ministre, qui fixe les caps du nouveau gouvernement.

Du jamais vu dans la 5ème République, où les pouvoirs exécutifs et législatifs sont normalement indépendants. Pour l'UDI Philippe Vigier, tous les pouvoirs sont désormais concentrés à l'Elysée. Christian Jacob parle, lui, de "déni de démocratie".

Par ailleurs, concernant la commission des Finances, dont la présidence est normalement confiée à un élu d'opposition, le centriste de l'UDI Charles de Courson (groupe Les Constructifs), et le Républicain Eric Woerth, se disputent la place.

Les Constructifs comptent sur certaines voix LR lors du vote, car Eric Woerth est loin de fait l'unanimité parmi les siens.

Le parti Socialiste et la gauche radicale oubliés

Après la désignation des six vice-Présidents, tous soutiens d'Emmanuel Macron, un véritable tollé s'est installé dans l'hémicycle. En effet, l'usage veut que deux postes de vice-Président soient attribués à l'opposition, ce qui semble avoir été oublié par la majorité, déclenchant la colère des députés de gauche. Pour Jean-Luc Mélenchon (France Insoumise), les députés d'Emmanuel Macron prennent toutes les places "après avoir dit exactement le contraire". Le socialiste Olivier Falorni est également monté au créneau, tout comme le communiste André Chassaigne qui se demande "quelle image vous donnez à la France".

En fin de séance, au milieu de la nuit, les six vice-Présidents étaient élus, cinq de la République en Marche et un du Modem. Ce jeudi après-midi, ce sera au tour des présidents de commission d'être désignés.