Édouard Philippe aurait-il de la peine de voir Les Républicains, son ancienne famille politique, en si grande difficulté ? Invité de France Info ce mardi matin, le premier ministre a en tout cas surpris son monde en se prononçant en faveur d'une « dose de proportionnelle à l'Assemblée nationale », précisant que « Il y a un sujet sur la dose. Est-ce que c'est une petite dose, une dose totale? Là, il y a un sujet ». Une déclaration qui intervient deux jours à peine après le raz-de-marée effectué par la République en Marche lors du premier tour des élections législatives.
Avec 454 candidats qualifiés pour le second tour sur les 468 au départ, le parti d'Emmanuel Macron a même fait mieux que ne l’annonçaient des sondages pourtant très positifs. Dimanche prochain, la République en marche devrait passer le second tour des législatives avec une large majorité à l'Assemblée nationale, sans réelle opposition. Les Républicains n'ont que 265 candidats qualifiés pour le second tour. Le Front National (120 candidats) et La France insoumise (67 candidats) n'ont eux pas su capitaliser leurs bons scores de la présidentielle. Que dire du Parti Socialiste, en perdition totale avec seulement 65 candidats qualifiés pour le second tour...
Plus de 400 députés aux législatives
Selon Édouard Philippe, l'introduction de la proportionnelle aurait pour but de réduire le nombre de parlementaires.
Mais dans la situation actuelle, ce serait surtout une bouffée d'air frais pour tous ces partis à la peine. Si l'on imagine le cas de la proportionnelle intégrale, alors la République en Marche, et son allié du MoDem, obtiendraient 197 sièges, donc loin de la majorité, et devraient faire face à des blocs solides, notamment à droite avec des Républicains forts et un Front National en nette progression.
Il est donc peu probable que le pouvoir en place travaille sur cette option, puisque le gouvernement d’Édouard Philippe serait alors incapable de faire passer une loi à l'Assemblée nationale. Une « semi-proportionnelle » permettrait à la République en Marche de conserver la majorité, mais de peu. Les autres partis obtiendraient une forte représentation, à l'image des Républicains, de la France insoumise et du Parti Socialiste, le Front National étant encore à la peine dans ce scénario.
La proportionnelle, un mode de scrutin qui avait profité au FN sous le mandat de François Mitterand, avec des dizaines de députés à l'Assemblée nationale.
Des législatives qui font craindre les pleins pouvoirs
Une telle déclaration du premier ministre a-t-elle pour but de désamorcer les nombreuses réactions de dimanche soir ? En effet, la grande majorité des opposants de la République en Marche ont dénoncé la possibilité pour Emmanuel Macron de bénéficier de tous les pouvoirs et de n'avoir aucune opposition crédible pour lui faire face. « Son intérêt est que les choses se passent de la manière la plus suave possible, dans une ambiance d'autocélébration qui a frappé tout le monde et que je juge malsaine, parce que ce n'est pas bon, un tel culte de la personnalité », a dénoncé Jean-Luc Mélenchon au micro de RTL.
En évoquant la proportionnelle, une promesse de campagne d'Emmanuel Macron, le pouvoir en place a donc dans l'idée de calmer tout ce beau monde. Cette modification du mode de scrutin législatif ne devrait cependant pas intervenir dans l'immédiat. Selon une source proche du chef de l’État, interrogée par France Info, les discussions ne commenceraient pas avant 2018, le calendrier parlementaire étant déjà plus que chargé en ce début de mandat. Une affaire qui sera donc à suivre...