C'est l'une des premières polémiques qui fait vaciller le nouveau président Emmanuel Macron. Ce dernier a en effet décidé de se présenter devant l'Assemblée Nationale et le Sénat réunis en Congrès à Versailles afin de détailler les caps à atteindre pendant son quinquennat. Mais habituellement, c'est le Premier ministre qui prononce d'abord le discours de Politique générale devant le Parlement ; de quoi faire grincer des dents, autant à droite qu'à gauche. Certains élus ne se déplaceront d'ailleurs même pas à Versailles, comme ceux de la France Insoumise, représentés par Jean-Luc Mélenchon : "Nous nous rebellons, [c'est un] franchissement de seuil dans la dimension pharaonique de la monarchie présidentielle", déclare l'ancien chef de file du Front de Gauche.

Les absents du Congrès

Les représentants de la France Insoumise, tout comme les élus communistes, ont donc décidé de ne pas se rendre à Versailles pour entendre le discours du président. Ils ne sont pas les seuls ; c'est également le cas de la sénatrice écologiste Esther Benbassa, et de l'ex-frondeur socialiste Régis Juanico. A droite, le centriste Jean-Christophe Lagarde et son bras droit Philippe Vigier resteront également à la maison. Le discours du président est prévu vers 15 heures ; juste avant, Emmanuel Macron aura déjeuné avec les membres des bureaux des deux hémicycles, les présidents de groupe, et d'autres élus, issus des groupes République en Marche, Modem, parti Socialiste, les Républicains, Front National, et quelques non-inscrits.

Selon les propos du professeur de droit constitutionnel Dominique Rousseau interrogé par Le Parisien, "qu'un président s'adresse aux parlementaires est une tradition républicaine". Déjà, en 1981, François Mitterrand avait devancé son Premier ministre en envoyant avant lui son message aux élus de l'Assemblée Nationale. Depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy, le président est autorisé à se présenter physiquement devant le Parlement, uniquement si celui-ci est réuni en Congrès à Versailles.

Pour Dominique Rousseau, "le fait que la première parole du chef de l'Etat soit réservée aux députés et aux sénateurs montre plutôt un respect du Parlement et des institutions".

Quelle différence avec le discours du Premier ministre ?

A titre de comparaison, le discours du président de la République devant le Parlement ressemble fort à l'allocution prononcée tous les ans par le président américain devant les deux chambres législatives des Etats-Unis.

Il devrait donc définir les "grandes orientations" du quinquennat, avant de laisser ensuite le soin au Premier ministre de détailler leur "mise en oeuvre", selon les propos du porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner. Une minute de silence sera également observée en hommage à Simone Veil.

Combien coûte la réunion du Congrès ?

C'est le contribuable français qui prend en charge la majorité des dépenses effectuées lorsque le Parlement est réuni à Versailles. 500.000 Euros selon le député Les Républicains Damien Abad. Le montant réel est inconnu, mais il est estimé entre 200.000 et 600.000 Euros. A titre d'exemple, la réunion du Congrès en 2008 pour modifier la constitution afin de permettre à Nicolas Sarkozy de s'exprimer devant les deux chambres législatives, avait coûté 230.000 Euros.

L'année suivante, l'ancien président réunissait le Parlement pour lui demander d'accepter un grand emprunt au début de la crise financière ; cette réunion avait coûté aux français pas moins de 400.000 Euros selon le président de l'Assemblée Nationale de l'époque, Bernard Accoyer, et 600.000 Euros selon le parti Socialiste.