Hier samedi 23 Septembre, la France Insoumise, le mouvement politique créé par Jean-Luc Mélenchon, appelait à battre le pavé dans la rue afin de protester contre la réforme du Code du Travail initiée par Emmanuel Macron et le gouvernement d'Edouard Philippe. 30.000 personnes lui ont répondu positivement selon la police, 150.000 selon les organisateurs.
Jean-Luc Mélenchon a clôturé la marche par un discours aux accents parfois provocateurs à l'égard de l'exécutif. Une petite phrase a notamment créé la polémique : "C'est la rue qui a abattu les nazis". Immédiatement, le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a dénoncé sur France Info "une faute politique" et "morale".
Du côté des membres de la France Insoumise, on parle de polémique stérile et on jure que le leader n'a "jamais comparé le gouvernement français actuel aux nazis". Les propos ont tout simplement été sortis de leur contexte. Explications.
Une réponse à Emmanuel Macron
Avant de parler de 'nazis', Jean-Luc Mélenchon rappelait différentes victoires de 'la rue' à travers l'Histoire face aux attaques des gouvernements en place. Il a cité successivement l'abolition de la royauté, l'acquisition d'une quatrième semaine de congés payés en 1968, le plan Juppé en 1995, le retrait du CPE en 2006, et... la disparition du nazisme.
Outre la condamnation du porte-parole du gouvernement, le patron de la France Insoumise s'est également attiré les foudres de différents cadres de la République en Marche (LREM), le parti du président Macron.
Richard Ferrand, président du groupe LREM à l'Assemblée Nationale, parle d'amalgames "délirants et déshonorants". Même l'ancien Premier ministre Manuel Valls a donné son opinion sur Twitter :
Pas de complaisance à l'égard de Mélenchon,de sa violence,de ses références historiques hasardeuses.Il faut être ferme,expliquer,réformer.
— Manuel Valls (@manuelvalls) 23 septembre 2017
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes en ont profité pour rappeler que ce sont les Alliés - et non pas la rue - qui ont anéanti le régime d'Adolf Hitler en France à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Pour @JLMelenchon "la rue" a abattu les nazis. Sur les plages de Normandie, sans doute. Ou peut-être à Stalingrad
— Jean-Pierre Denis (@jeanpierredenis) 23 septembre 2017
? #alternativefacts
De son côté, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a qualifié les propos de Jean-Luc Mélenchon d'"indignes et honteux", se déclarant profondément "choquée".
La France Insoumise défend son leader
Les membres de la France Insoumise ont ensuite pris la défense de leur chef dans les colonnes du Huffington Post, en déclarant qu'aucune comparaison n'avait été faite entre Adolf Hitler et Emmanuel Macron. "Il n'y a bien évidemment aucun parallèle. Le propos s'inscrit dans une énumération des grands moments de l'Histoire durant lesquels la démocratie a vécu grâce au peuple", indique le député Eric Coquerel. Pour Alexis Corbière, Jean-Luc Mélenchon a voulu faire allusion à la Résistance des parisiens lors de la libération de la capitale des griffes du nazisme en 1944.
De son côté, le leader de la France Insoumise s'est exprimé sur son blog, déplorant le "niveau d'abaissement" auquel se rend le gouvernement, et plus particulièrement son porte-parole Christophe Castaner.
Pour Jean-Luc Mélenchon, les équipes d'Emmanuel Macron ont profité de la manifestation parisienne du 23 Septembre pour faire diversion en créant une polémique. Il ajoute que le "rapport de forces" entre l'exécutif et le peuple protestataire est grandissant, d'où les craintes du pouvoir en place, réduit à inventer des querelles.
Mais le terme de "fainéants" utilisé par le président de la République pour qualifier certains Français est encore dans toutes les têtes. Certains estiment que la France Insoumise en a profité pour faire de la récupération politique, tendant alors vers le populisme. D'autres pensent que la polémique ne sert ni le gouvernement, ni le mouvement de Jean-Luc Mélenchon.