Les fonctionnaires, c'est incontestablement une partie de la machine étatique trop souvent sollicitée et assez peu reconnue. La machine à faire de l'Exécutif que divers présidents français, pas toujours très inspirés, n'ont eu de cesse d'user et de brimer au fil des décennies. Car si l'exercice délicat des mandats présidentiels passe beaucoup trop vite, emportant avec lui son lot de règles et d'habitudes, l'action du fonctionnaire est quant à elle appelée à demeurer constante et présente en toutes circonstances. C'est le message qu'ont essayé de faire passer à Emmanuel Macron des foules de fonctionnaires manifestant partout en France, sur l'appel unitaire lancé par l'ensemble de leurs syndicats.

Cela n'était plus arrivé depuis dix ans, et pourtant cela s'est fait. 400 000 fonctionnaires dans toute la France ont crié leur ras-le-bol de la politique présidentielle. D'ailleurs, de l'avis de Laurent Berger, actuel numéro 1 de la CFDT, "le malaise, les fonctionnaires le vivent en permanence". Et la raison, il ne faut pas la chercher de midi à 14h, elle réside simplement dans le sentiment qu'ils ont d'être toujours pris comme un poids pour le budget de l'État. Ce sont donc pas moins de 130 foyers manifestations qui ont été recensés dans près de 90 départements de France.

Des inquiétudes palpables à l'Éducation et dans les hôpitaux

La colère clairement visible sur le visage des enseignants, elle se résume aisément en trois points : un manque criard de valorisation des carrières, la diminution du nombre de contrats aidés, et la restauration du jour de carence.

Du côté des services hospitaliers, les médecins, les pharmaciens, les dentistes ont gonflé les rangs des aides-soignants et des infirmiers venus faire entendre leurs voix afin de dénoncer la précarisation de leurs conditions de travail et la perspective de voir chuter leur pouvoir d'achat.

Un fonctionnaire sur deux dans les manifestations et aucune volonté de "baisser son froc", confie un manifestant remonté.

Voilà de quoi sérieusement interpeller un Gouvernement qui restait jusque-là faiblement impacté par les mouvements sociaux.

Le transport aérien au ralenti, le réseau ferroviaire à peine touché

Les appels à la grève de la CFDT, FO, CGT et UNSA ont poussé la direction générale de l'aviation civile à recommander aux compagnies une réduction de 30% de leurs vols sur l'ensemble du territoire national.

Du côté de la SNCF et de la RATP, le son de cloche est différent car les effets des perturbations ne devraient pas se ressentir sur le trafic. Le ton est désormais donné pour un Emmanuel Macron qui s'est visiblement laissé entraîner sur le terrain de la polémique. En attendant, de nouvelles concertations entre Gérald Darmanin, le ministre des comptes et de l'action publique, et les syndicats sont prévues dès lundi 16 octobre pour désamorcer la crise.