Les fêtes ont probablement été amères pour les proches d’Anne Hidalgo. Ces dernières semaines ont été marquées par des révélations qui risquent bien de polluer la suite de son mandat. La dernière en date est « un conflit d’intérêts majeur » impliquant Bruno Julliard, premier adjoint à la mairie.
Dernier scandale en date : l'affaire Noctis
L’époux de M. Julliard, Paul Le Goff, a été embauché en août dernier comme conseiller juridique par la société Noctis, « empire de la vie nocturne parisienne ». Or ce même mois, la même société avait gagné l’appel d’offres pour la gestion de l’espace situé sous la coulée du pont Alexandre III, où se tenait jusque-là le Showcase, célèbre boîte de nuit de la capitale.
Problème : c’est Bruno Julliard qui attribue les concessions de nombreux lieux de fêtes disponibles dans l’espace public. Un « détail » qui n’a pas manqué d’attirer l’attention de l’opposition municipale et de susciter le scandale.
Ce n’est pourtant pas le seul qu’on retiendra de cette année 2017. Selon des informations révélées par le magazine Capital en octobre et reprises par Le Canard enchaîné en novembre, Anne Hidalgo aurait bénéficié d’un emploi fictif au ministère du Travail de 2001 à 2002. Une information que l'intéressée nie catégoriquement. Alors qu’elle était première adjointe de Bertrand Delanoë, Mme Hidalgo aurait continué à se faire payer pendant des mois par le ministère. Les montants indûment perçus s’élèveraient à quelque 116 000 euros.
Alerté par le syndicat SUD Travail, le ministère a demandé à l’intéressée de rembourser ces sommes. Mais l’édile n’aurait finalement rendu que 21 659,05 euros. C’est précis, mais insuffisant. Il lui reste un peu moins de 100 000 euros à rembourser.
Paris, ville endettée
Il faut dire que la maire de Paris semble avoir quelques difficultés avec les chiffres.
La dette parisienne est hors contrôle et le nombre de collaborateurs de son cabinet dépasse le chiffre qu’elle s’était elle-même fixé. Selon le journal L’Opinion, la dette de la ville s’élèvera à 6 milliards d’euros fin 2018, alors qu’elle n’était « que » d’un milliard en 2001. Depuis 2010, la dette a progressé de 2,48 milliards, et une hausse de 12 % est prévue pour l’an prochain.
Le quotidien craint par ailleurs la hausse des effectifs municipaux, qui pourraient atteindre 50 300 unités, contre 48 400 l’an dernier. La maire a aussi été épinglée par la Chambre régionale des comptes d’Ile-de-France sur le nombre de collaborateurs de son cabinet. La Chambre en a recensé 165 en 2015, alors qu’une limite de 135 avait été votée en 2014.
Anne Hidalgo a en tout cas du souci à se faire. Même si les élections municipales ne sont prévues qu’en 2020, « la bataille s’annonce particulièrement tendue » pour elle, comme le souligne Le Figaro. « Nombreux sont ceux qui rêvent de faire tomber Anne Hidalgo, la maire PS très certainement candidate pour un second mandat, et mettre ainsi un point final à ses mesures controversées », ajoute le quotidien.
Et elles sont nombreuses, ces mesures controversées. Selon Airparif, la piétonnisation de la rive droite de la Seine n’a pas eu d’impact « significatif » sur l’exposition de la population à la pollution de l’air. La mesure avait pourtant été justifiée par « l’urgence environnementale » et « le défi de la transition écologique ».
Fin 2016, les communistes et les écologistes s’étaient montrés hostiles à la réforme du stationnement et l’autorisation d’ouvrir les commerces douze dimanches en 2017. « Nous ne pouvons pas être d’accord sur tout. Mais là, Anne Hidalgo fait un vrai pas de côté, qui plus est sur des marqueurs de la gauche. Elle divise sa majorité inutilement », avait déclaré Nicolas Bonnet Oulaldj, président du groupe communiste.
En octobre, la CGT de la direction des affaires culturelles de la mairie assurait que l’exécutif parisien avait décidé « de sucrer 2 M€ sur le dos des personnels en diminuant d’autant sa contribution à l’Agospap, l’association en charge des œuvres sociales à la Ville de Paris. Une somme qui représente plus de 20 % de son budget annuel », rapporte Le Parisien.
Les soutiens de la Maire de Paris fondent comme neige au soleil. Dans une ville majoritairement acquise à la gauche modérée, Anne Hidalgo a réussit la prouesse de s’attirer l’hostilité d’une bonne partie de ses administrés. À sa gauche, la France Insoumise prépare déjà une campagne de rupture radicale avec l’équipe socialiste, et à sa droite, les militants d’En Marche et des Républicains pourraient faire une alliance pour renverser une équipe municipale engluée dans les affaires et de plus en plus impopulaire. Une fin de règne morose s’annonce pour Anne Hidalgo.