Nicolas Sarkozy a été placé en garde à vue hier matin suite à l'enquête portant sur les financements de sa campagne de 2007. Ces financements viendraient de Libye et se seraient faits en partie en liquide. Ziaid Takieiddine a confirmé avoir transporté plus de 5 millions d'euros au ministre de l'Intérieur de l'époque, Claude Guéant. Sa garde à vue aura duré 48 heures. Mais durant la nuit, le prévenu n'est pas resté dormir dans les locaux de la police judiciaire de Nanterre. Une situation exceptionnelle, mais qui n'est pas irrégulière.

Nicolas Sarkozy : une nuit passée à la maison

"A justiciable exceptionnelle, régime exceptionnel". C'est par cette phrase que l'avocate au barreau de Paris, Maître Delphine Meillet, a justifié la faveur accordée à Nicolas Sarkozy, l'ancien président de la République. Il a donc pu rejoindre son domicile vers 23h30 dans le XVIe arrondissement de Paris. Il est revenu ensuite dès huit heures ce matin dans les locaux de la police judiciaire pour reprendre les interrogatoires menés par plusieurs juges d'instruction du pôle financier de Paris dont Serge Tournaire. Ce juge a déjà envoyé Nicolas Sarkozy devant les tribunaux dans l'Affaire Bygmalion.

En droit, une garde à vue dure 24 heures. Elle peut être prolongée de 24 heures supplémentaires s'il est estimé par les juges que cela est nécessaire.

Normalement, le prévenu passe la nuit au poste. Cependant, le juge ou le procureur de la République sont maître de son déroulement et peuvent décider de permettre au prévenu de retourner chez lui pour y passer la nuit. La plupart du temps, ces dernières sont suspendues pour raison médicale.

Une efficacité mise en faillite ?

Cependant, de nombreuses personnes critiquent cette faveur faite à l'ancien chef de l'Etat.

Comme l'explique un ancien juge d'instruction, cela n'est pas normal que Nicolas Sarkozy bénéficie d'un traitement de faveur. De plus, interrompre une garde à vue pour permettre au prévenu de rentrer chez lui annihile l'efficacité de cette dernière. En effet, faire dormir le prévenu en prison le place dans une situation de "dépendance psychologique".

Cette dépendance le place dans une situation particulière plus amène de faciliter l'interrogatoire. Il aurait pu être interrogé en suspect libre comme l'a été Brice Hortefeux. Jean-Pierre Raffarin a lui dénoncé une volonté "d'humilier" l'ancien président de la République.