L'étau est-il en train de se resserrer autour de Nicolas Sarkozy ? L'ancien président de la République a été placé en garde à vue ce mardi pour être interrogé par la police judiciaire, à Nanterre. Les allégations persistent selon lesquelles il aurait reçu des millions d'euros de financement de campagnes électorales illégales du régime du défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi. Le but de cette garde à vue est notamment d'interroger Nicolas Sarkozy afin de déterminer si Kadhafi a notamment financé sa campagne victorieuse de 2007. C'est en effet sur cette campagne présidentielle que pèsent les plus forts soupçons de financement illicite.

Cette enquête est d'ailleurs potentiellement l'un des scandales les plus explosifs de financement politique de l'histoire de la politique française. Sarkozy a nié, à plusieurs reprises, les accusations, les qualifiant même de « grotesques ». Mais cette fois, l'enquête a franchi un nouveau pas. En effet, c'est la première fois que Nicolas Sarkozy est interrogé par la police judiciaire concernant ces allégations. Pourtant, le début de l'affaire remonter à désormais six ans, lorsque Mediapart avait lancé une bombe en publiant un document bien précis.

Nicolas Sarkozy retenu 48 heures pour être interrogé ?

C'est en effet en avril 2012 que le site d'enquête Mediapart a publié un document qui a été signé par un haut responsable libyen, affirmant que le régime avait approuvé un paiement de 50 millions d'euros pour « soutenir » la campagne électorale de Sarkozy.

Une enquête française sur le financement présumé illégal de la campagne libyenne a été ouverte en 2013. L'enquête n'a désigné personne comme suspect et s'est centrée sur des allégations de corruption, trafic d'influence, faux, abus de fonds publics et blanchiment d'argent. Auparavant, Sarkozy et Claude Guéant, l'un de ses anciens ministres et plus proche collaborateur, prétendaient que les documents obtenus par Mediapart étaient faux.

Un tribunal français a ensuite déclaré que certains documents étaient authentiques, ce qui leur permettait d'être utilisés dans le cadre d'une enquête de longue durée. Dans le cadre de sa garde à vue actuelle, Nicolas Sarkozy peut-être retenu pendant 48 heures afin d'être interrogé. Pour le moment, son avocat n'a pas encore pris la parole, attendant sûrement la fin de la garde à vue pour évoquer le sujet et une ligne de défense avec son client.

L'affaire Bygmalion va-t-elle également rattraper Nicolas Sarkozy ?

Un autre ancien ministre et proche allié de Sarkozy, Brice Hortefeux, a également été interrogé mardi par la police sur les allégations de la Libye, a indiqué à Reuters une source proche de l'enquête. En janvier, un homme d'Affaires franco-libanais, Ziad Takieddine, soupçonné par les enquêteurs d'avoir récupéré l'argent de Kadhafi pour financer la campagne de Sarkozy, a été arrêté en Grande-Bretagne et libéré sous caution après avoir comparu devant un tribunal de Londres. Il fera face à une audience d'extradition le mois prochain. Mais, pour rappel, Nicolas Sarkozy ne doit pas uniquement faire face à cette affaire. Il est toujours dans le viseur de la justice à propos de la fameuse « affaire Bygmalion », concernant sa campagne de 2012, finalement perdue face à François Hollande.

Une affaire centrée sur un prétendu système de fausse comptabilité utilisé par le bureau de Sarkozy pour dissimuler d'énormes dépenses de campagne, concernant des meetings ou des concerts afin de lui permettre de rester dans la course lors de cette fameuse campagne présidentielle. Mais, une fois de plus, Nicolas Sarkozy a nié toutes les allégations dans cette affaire.