C'est le branle-bas de combat dans les rangs de la gauche aujourd'hui, suite aux propos du ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, invité hier dimanche du Grand Rendez-Vous Europe 1 - Les Echos - C News. Ce dernier a annoncé que le gouvernement envisageait de réduire certaines aides sociales afin de faire baisser le déficit public de la France. Pour s'en justifier, il estime que les créations d'emplois sont de plus en plus nombreuses dans le privé depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir. "A partir du moment où nous réussissons à créer des emplois dans le secteur privé, (...) il peut être légitime de réduire la politique sociale", a-t-il déclaré, en ajoutant que le fait de "compenser les inégalités par toujours plus de dépense publique" pèse sur les finances du contribuable.

En direct, le ministre n'a pas indiqué quelles prestations sociales seraient visées en priorité. Cependant, Le Monde a révélé, dans son édition de vendredi, que le ministère des Finances étudiait plusieurs possibilités afin de parvenir à ses objectifs budgétaires. Sur le document - intitulé 'Transformer les prestations sociales' - que le quotidien s'est procuré, on apprend que les services de Bruno Le Maire évaluent à 26% la proportion des aides sociales à l'intérieur du budget de l'Etat. L'Agence France Presse a tenté d'en savoir davantage en contactant directement Bercy, qui lui a répondu que ce texte n'était qu'un document interne à l'administration, et ne représentait en aucun cas le projet définitif du gouvernement.

Au cours de son interview, Bruno Le Maire a également déclaré que la "lutte contre les inégalités sociales" en France était un échec depuis les années 1980. Les principales différences concernent le niveau d'études et la qualification des Français, mais aussi l'accès à l'emploi. Pour le ministre, la solution n'est pas d'offrir toujours plus d'aides sociales, mais d'axer les efforts financiers sur la formation avec l'objectif de donner des emplois et de réduire le chômage.

"Ça nous autorise ensuite à réduire le montant des aides sociales qui sont distribuées pour compenser ces inégalités", conclue-t-il.

Quelles prestations seront visées ?

Interrogé sur le besoin "vital" de certaines prestations chez certains foyers vivant dans la précarité, Bruno Le Maire a cependant précisé que les plus défavorisés seront toujours aidés de la même façon par l'Etat.

Sur le document ministériel détaillé par Le Monde, plusieurs autres pistes sont étudiées les unes après les autres, en sachant que certaines d'entre elles seront certainement abandonnées lors de l'arbitrage gouvernemental et présidentiel.

Parmi les solutions évoquées, on note que les critères d'éligibilité à certaines prestations seront revus, en prenant notamment en compte le patrimoine des allocataires, et en cessant d'indexer le montant des aides sur l'inflation. Un bénéficiaire propriétaire de son logement ne recevra donc peut-être pas le même montant qu'un bénéficiaire locataire, même si leurs revenus sont égaux.

Le texte du ministère servant de base à l'étude propose aussi de recentrer l'APA, l'aide destinée aux personnes âgées, sur "les publics prioritaires" car la population française vieillit et les aides sont donc versées sur une plus longue durée, accentuant ainsi le déficit public.

De la même façon, la détermination du montant de l'Aide Personnalisée au Logement (APL) pour les étudiants sera révisée, tout comme l'attribution des bourses d'études. Les plafonds de ressources des parents ou de l'étudiant pourraient ainsi être revus à la baisse.