Emmanuel Macron s’est confié dans un entretien paru mercredi à Ouest-France sur la dégradation des relations entre les pays au sein de l’UE. Et alors qu’il se place en première ligne pour la poursuite du projet d’une Europe unie plus forte et plus juste, le président français se voit obligé de constater la montée d’un climat de tensions semblable à celui de l’entre-deux-guerres.

Il faut dire qu'il n'est pas ordinaire que le chef de l'Etat laisse ainsi s'exprimer publiquement sa crainte. Mais face à la vive montée des extrêmes sur l’ensemble du vieux continent, Emmanuel Macron se sent désormais le besoin d’alerter l’opinion contre ce qu'il pressent être l'abordage d'un virage particulièrement lourd de conséquences.

Etre lucide et résister à la peur

En effet, avec la précarité provoquée par la crise économique mêlée à la peur suscitée par les questions d'immigration et de sécurité, le président de la République entrevoit assez logiquement la reconstruction des conditions qui ont rythmé l'Europe après la Première Guerre mondiale jusqu'à la crise de 1929. Un état de fait qu'il est important de garder en mémoire pour se montrer "lucide" et "résister" en "portant la vigueur démocratique et républicaine".

A l'occasion de la célébration du centenaire de l'armistice de 1918 qui débutera dimanche, Emmanuel Macron entend porter cet esprit en visitant durant une semaine 11 départements qui ont été le théâtre de batailles dans le Grand Est et les Hauts-de-France.

Ensuite, viendra la traditionnelle cérémonie du 11 novembre à l'Arc de Triomphe marquée par la présence d'une bonne centaine de dirigeants du monde entier, mais aussi le tout premier Forum de la Paix à La Villette.

Préserver sa souveraineté

Pour ces rendez-vous historiques, le chef de l'Etat a indiqué qu'au-delà du simple regard sur l'Histoire, c'est un vibrant hommage qu'il entend rendre à ceux qui se sont battus pour la démocratie, tout en essayant de tirer les leçons de cette époque sombre.

C'est donc, pour Emmanuel Macron, l'opportunité de délivrer à la nation "un message de célébration, de mémoire et d'avenir", par la promotion d'une Europe "plus souveraine et plus multilatérale".

Le leader progressiste appelle les peuples européens à revendiquer leur souveraineté loin de "la lèpre nationaliste" qui les amènerait à être bousculés par l'extérieur.

Il faudrait, selon lui, éviter de se laisser déterminer par les choix des USA sur les questions de sécurité, tout comme il faudrait limiter l'implantation de la Chine dans les infrastructures, sans oublier une Russie grande adepte de la manipulation : une vision exclusivement envisageable au sein de l'Europe.