Edouard Philippe n'a pas perdu de temps avant de répondre à la charge de Michelle Bachelet. La Haut-Commissaire aux droits de l'homme à Genève avait réclamé mercredi matin l'ouverture d'une enquête sur les violences policières lors des manifs du samedi. Invité de BFMTV dans la soirée, le Premier ministre a estimé que Paris n'avait pas attendu l'ONU pour s'intéresser à la question.

Il faut croire que les Gilets jaunes ont mis à mal l'image de la France auprès des instances internationales. Après le Conseil de l'Europe la semaine dernière, voilà donc l'ONU qui s'intéresse de près à la situation des manifestants trois mois et demi après le début de la mobilisation.

Une situation peu commune qui n'est pas allée sans surprendre Benjamin Griveaux et Christophe Castaner.

Le porte-parole du gouvernement et le ministre de l'Intérieur se sont tous deux dits "étonnés" de voir apparaître le nom de la France entre celui de Haïti et celui du Venezuela dans un discours de Mme Bachelet. Elle invitait les autorités françaises à mettre en route des enquêtes approfondies sur l'ensemble des cas d'usage excessif de la force qui ont été rapportés ces dernières semaines.

Les Gilets jaunes légitimes dans leurs revendications

En effet, pour l'ancienne cheffe d'Etat du Chili, le mouvement des Gilets jaunes exprime véritablement un ras-le-bol face à ce que beaucoup de Français considèrent être leur exclusion permanente à la fois de leurs droits économiques, mais aussi sur leur participation aux affaires publiques !

Elle met donc en avant le besoin pour le gouvernement d'Edouard Philippe de poursuivre le dialogue.

Une invitation qui n'a pas manqué de faire sourire Benjamin Griveaux à la sortie du Conseil des ministres. Il note qu'avec l'initiative du Grand débat national, c'est précisément le besoin d'échanges entre Français qui est nourri.

Une vision partagée par le Premier ministre qui a rappelé sur BFMTV qu'en France, "on a un Etat de droit" et que face à l’extrême violence contre "les forces de l’ordre", il fallait apporter une réponse ferme pour la sécurité des personnes et des biens, en même temps que des solutions politiques pour une sortie de crise.

L'argument du Grand débat en juge de paix

Toutefois, l'exécutif reconnaît que pour les rares cas d'exactions commises, une enquête de l'IGPN est immédiatement diligentée : ce sont donc pas moins de 162 investigations qui étaient en cours à la date du 1er mars ! Quiconque disposerait d'éléments pouvant "permettre d'éclaircir des situations qui ont donné lieu à l'emploi de LBD", est d'ailleurs capable le signaler sur le site de la police.

Hors de question donc de se voir assimiler au Venezuela ou à Haïti où les manifestations ont donné lieu à des nombreux morts. Paris respecte scrupuleusement les standards de l'ONU, ce qui amène la place Beauvau à s'interroger sur le sérieux du Conseil onusien des droits de l'homme.

Christophe Castaner a fermement rappelé que toute suspicion de violences policières faisait déjà l'objet d'enquêtes. De quoi balayer d'un revers de la main tous les arguments lancés depuis quelques semaines contre l'usage des LBD de plus en plus décriés.