La République En Marche a officiellement présenté ce jeudi son programme en vue des élections européennes du 26 mai prochain. Une sortie tardive, moins de trois semaines avant l'échéance, qui ne met pourtant pas à mal l'enthousiasme des Marcheurs, à présent pleinement engagés dans la campagne. Ce ne sont donc pas moins de 79 propositions que Nathalie Loiseau et Pascal Canfin se devront de défendre dans les prochains jours. La tête de liste "Renaissance" entend ainsi repartir d'un nouveau pied.

Il faut dire qu'après un timide lancement dans la course pour une entrée au Parlement européen, l'ancienne ministre peut désormais se reposer sur le soutien appuyé de l'exécutif et de la majorité.

Edouard Philippe était lundi en meeting à ses côtés, une opération qu'il devrait renouveler ce samedi avec l'ancien Premier ministre chiraquien Jean-Pierre Raffarin. Mais pour véritablement reprendre pied dans un scrutin qui s'annonce plus qu'incertain, l'ex-directrice de l'ENA mise avant tout sur les arguments très européens de sa liste.

L'écologie en cheval de bataille

Ceux-ci sont regroupés en neuf grandes thématiques, au premier rang desquels on retrouve, non sans véritable surprise, l'écologie. Après s'être vus pointés du doigt pour un programme présidentiel et législatif peu regardant sur ce sujet, les Marcheurs ont décidé d'y aller plein pot avec la transition écologique dont ils pensent qu'elle ne pourrait être suffisamment bien gérée qu'au niveau européen.

Ils appellent ainsi à ce que 1000 milliards d'euros soient injectés sur la question durant les cinq prochaines années.

Ce serait alors un investissement record pour développer des énergies et des transports beaucoup plus propres. Il sera également question de rénover les logements, et d'accompagner comme il se doit les travailleurs de secteurs en transition appelés à se reconvertir.

Et pour y parvenir, En Marche veut affecter 40% des dépenses européennes pour l'écologie, tout en souscrivant à l'idée d'Emmanuel Macron d'une Banque pour le climat qui devrait permettre de flécher l’épargne des Européens vers une croissance verte.

Pour le reste, on retrouve parmi les autres propositions phares du programme la volonté de coordonner la taxation européenne des Gafa.

Elle sera à cet effet suivie d'une mesure au spectre plus large, avec la mise sur la table d'une directive sur l'éthique visant à rendre les entreprises plus responsables. Dans le même temps, des progrès sont appelés pour la formation d'une armée européenne, pour l'évolution de la politique sur l’asile, ou encore pour un accès des collégiens et des apprentis au programme Erasmus.

Des décisions plus proches des citoyens

A côté, les Marcheurs veulent un "Pacte Simone Veil" qui se prononce en faveur de plus d'égalité entre femmes et hommes en Europe, tout comme une "Conférence pour l’Europe" qui veillera à associer aux décisions européennes des citoyens tirés au sort. La liste Renaissance entend ainsi jouer la réconciliation entre les peuples et les institutions du vieux continent.

Plus question d'allouer des fonds européens à un pays qui ne garantit pas le respect des libertés individuelles et la convergence sociale.

La majorité argue d'ailleurs que l'argent du contribuable européen ne devrait en aucune manière servir à financer des gouvernements qui instrumentalisent la justice de leur pays, ou qui installent des conditions sociales défavorables pour leurs citoyens. Le Parlement européen pourrait ainsi initier les "lois européennes", laissées à la seule discrétion de la Commission européenne. Et d’un autre côté, les citoyens auront la possibilité de soumettre un sujet au débat dans l’Assemblée, moyennant un million de signatures.

Pour finir, le parti présidentiel souhaite s’appuyer sur le modèle mis en œuvre dès le début du quinquennat en supprimant des postes de commissaires européens et en réduisant à trois le nombre de mandats dans le temps pour un eurodéputé.

Il est aussi proposé de revoir à la baisse et d’assurer un contrôle plus strict de leurs frais de fonctionnement et de leur rémunération. L’impossibilité pour un parti politique de se faire financer par des entreprises ou des puissances étrangères sera quant à elle sanctuarisée.