En arrivant deuxième aux élections européennes derrière le Rassemblement national, le président Macron et LAREM sont les véritables vainqueurs de l’élection européenne car Macron a réussi à faire exister un duel politique progressistes versus nationalistes. Ce duel va persister jusqu’en 2022, moment de l’élection présidentielle. Macron a parfaitement compris, en s’inspirant de Mitterrand et de Chirac, que l’épouvantail idéologique dans la société française était le Rassemblement national. Il a réussi, intelligemment, à organiser la vie politique française autour de cette opposition.
Pour les militants de droite et de gauche, le choix a été en faveur de LAREM au moment des élections européennes et il risque d’en être ainsi pendant les élections municipales.
La défection de 72 maires de droite LR, qui seront bientôt 100, montre que la décomposition du paysage politique, démarrée en 2017, continue. Les partis communiste et socialiste sont devenus des partis croupions, LR est en train de leur emboîter le pas. Macron, par son savoir-faire politique, installe en France une nouvelle conception de la politique plus marquée par la géographie que par l’idéologie. "Les élections municipales de mars 2020 devraient ravir les amateurs de dentelle. Entre stratégies nationales et enjeux locaux, alliances à choix multiples et échappées en solitaire, il sera difficile pour un camp de réclamer la victoire au soir du scrutin dans un paysage politique en pleine recomposition.
", écrit Le Monde.
Le Grand débat a permis à Macron de construire une nouvelle stratégie
Macron doit remercier les Gilets jaunes qui lui ont permis de construire une nouvelle stratégie politique en organisant le Grand débat sur des thèmes comme la fiscalité, l’écologie, qui sont au cœur des préoccupations des Français. En ramenant les maires dans sa nouvelle conception géographique de sa politique, Macron réussit un tour de force : faire des maires les veilleurs naturels de sa politique économique et sociale.
Les maires de droite LR l’ont parfaitement compris et, sans se jeter à corps perdu dans les bras-velours de Macron, ils optent pour son approche géographique de la politique. Les maires LR de droite sont pour la plupart des maires de province qui gouvernent des territoires d’où provient une somme de revendications sur le mal-être des Français.
Stratégiquement, pour le président Macron, c’est du pain béni que les 72 maires reconnaissent au nom de la France que sa politique est la meilleure. Ces maires de droite espèrent que LAREM ne mettra pas un de ses candidats en face d’eux. Certains estiment que ces maires de droite "vont à la soupe macronienne" pour préserver leurs mandats.
Macron et LAREM face au choix des municipales
Sans être dans la tête du président Macron et du délégué général LAREM Guerini, on peut néanmoins émettre plusieurs hypothèses. La faible implantation de LAREM dans les territoires l’oblige à faire des choix pour les élections municipales. Faut-il privilégier les métropoles (grandes villes, Paris, Lyon, Lille, Nantes, Marseille, Bordeaux, Strasbourg…) par rapport aux petites villes et autres territoires.
C’est la tendance de LAREM qui va être obligé de composer avec les exécutifs municipaux existants de droite comme de gauche. On attend avec gourmandise le type de négociation qui adviendra : indépendance de LAREM en conduisant une liste autonome ou alliance avec les listes installées. Dans les petites villes où LAREM n’est pas très bien installé, mais dans lesquels il a fait des scores honorables aux élections européennes (comme Alfortville ou Vitry dans le Val de Marne), quelle sera la position de LAREM ? Le mouvement obligera-t-il ses représentants locaux à présenter des listes autonomes, ou à être bienveillants vis-à-vis des exécutifs socialistes ou communistes sortants ? Quelle attitude auront ces représentants locaux vis à vis de LR moribonds et de Verts triomphant ?
Que fera LAREM dans les villes où les maires encartés à droite comme à gauche se présenteront sans étiquette face aux électeurs en valorisant le principe du vivre-ensemble dans leurs villes ? "Dans certaines villes, LRM investira ses propres candidats avec un objectif de victoire assumé. « Avec une démarche d’ouverture », insiste-t-on à la direction du parti. Dans d’autres, la stratégie du coucou sera privilégiée avec une logique de soutien à un maire sortant auquel il sera demandé de prendre sur sa liste quelques candidats maison. ", écrit Le Monde.
La stratégie du président Macron a fonctionné à la présidentielle et aux élections européennes. Le véritable défi du président Macron est la victoire aux municipales comme double maillage de LAREM sur le territoire et point de départ pour sa réélection en 2022.