Lundi soir, Emmanuel Macron plaidait face au gouvernement et parlementaires de la majorité réunis rue de Grenelle, un changement de méthode assumé pour la suite du quinquennat. A l'occasion, les élus apparentés En Marche, Modem ou des partis alliés se sont vus inviter par le chef de l'Etat à poser sans pudeur les yeux sur des sujets qui enflamment souvent le débat public. Pour lui, il s'agit notamment de répondre avec fermeté et exigence à la question de l'immigration, estimant que le droit d’asile est aujourd'hui assez largement détourné de son but.

Et il faut dire qu'il n'aura pas fallu attendre longtemps avant la première réaction de l'aile gauche de la macronie qui appelle déjà à la bienveillance. Une douzaine de députés marcheurs ont adressé une lettre au Premier ministre Edouard Philippe afin que soit écarté l'hypothèse de resserrer l'étau autour du dispositif de l'aide médicale d'Etat. De leur avis, s'attaquer à l'outil qui permet aux sans-papiers de bénéficier d'un accès aux soins serait une mauvaise manière d'entrer dans le débat parlementaire prévu les 30 septembre et 2 octobre prochains.

Un débat sans faux semblant

Pour rappel, Emmanuel Macron avait durci lundi son discours face l'inquiétude suscitée par l'explosion des demandes d'asile abusives en France, là où en Europe les chiffres sont au plus bas.

Hors de question en effet de laisser au Rassemblement national de Marine Le Pen le loisir de s'en emparer alors que les quartiers rencontrent de plus en plus de réelles difficultés. Il a donc laissé, au gouvernement et aux élus de la nation, le soin de s'interroger en profondeur et sans tabou sur le sujet pour en tirer une politique efficace et véritablement humaniste.

C'est en tout cas ce qu'on fait valoir des députés de la majorité à la sortie de leur rencontre avec le chef de l'Etat, insistant sur le fait qu'il fallait préserver le droit d'asile. La porte-parole de La République en Marche Aurore Bergé a d'ailleurs assez largement renchéri les propos d'Emmanuel Macron, actant qu'il faudrait rendre plus lisible les critères d'attribution de ce joyau français.

Elle sera suivie dans ce sens mercredi par la porte-parole du gouvernement Sibeth N'diaye qui reviendra sur le sujet à l'occasion du compte-rendu du Conseil des ministres.

L'aile gauche d'En Marche prête à défendre une vision plus positive

Mais, du côté de l'aile gauche de la macronie, on entend déjà monter une musique qui privilégie une vision plus positive des effets de l'immigration. Une quinzaine de députés a signé une tribune poignante intitulée "Penser l'immigration du 21e siècle avec humanité et efficacité, pour une intégration réussie dans les territoires". Au nombre des signataires, on retrouve des parlementaires qui s'étaient abstenus au moment du vote de la loi "asile et immigration", à l'image de la députée de la Manche Sonia Krimi ou de Jean-François Cesarini, député du Vaucluse.

Invité de RTL, ce dernier affirme comme bon nombre de ses collègues à l'Assemblée qu'Emmanuel Macron a raison de poser enfin le débat de l'immigration sur la table. Le politicien de 48 ans regrette toutefois que le chef de l'État n'ait pas lâché un seul mot sur "l'immigration économique", dont il estime que c'est là que réside le véritable enjeu des discussions. Il note ainsi qu'il y a plus de cas d'intégration réussie dans les villages que ce que l'on veut bien faire croire, avec notamment de la vie qui se réinstalle en campagne, là où d'autres préfèrent la ville.